On dit que les souvenirs s'effacent avec le temps.
Moi, je prie chaque jour pour que ce soit vrai.
Mais il y a des images qui se gravent dans la peau, des sons qui hantent les nuits.
Le crissement des pneus. Le fracas du métal. Le cri étranglé de ma mère.
Et puis... le silence.
Ce silence qui a marqué la fin de mon enfance, le jour où j'ai perdu mes parents.
Depuis, je vis dans une maison qui n'a rien d'un foyer.
Deux étrangers m'ont recueillie, mais pas par amour.
Ils me rappellent chaque jour que je ne suis qu'un poids, une bouche de trop.
Je suis devenue l'ombre d'une famille qui n'est pas la mienne, un fantôme qu'on supporte par obligation.
À l'école, ce n'est guère mieux.
Être pauvre, c'est un crime que personne ne pardonne.
Les rires étouffés, les chuchotements, les insultes lancées en pleine figure... je les encaisse tous.
J'ai appris à baisser la tête, à me faire petite, invisible.
Invisible.
C'est ce que je croyais être.
Mais parfois, je le sens.
Un regard. Lourd. Insistant. Incompréhensible.
Je n'ose jamais lever les yeux, pas vraiment. Parce que ce regard appartient à lui.
À Noah.
Tout le monde connaît son prénom.
Tout le monde le craint, le respecte, le suit des yeux quand il traverse un couloir.
Noah, c'est le genre de garçon dont on chuchote le nom comme un avertissement.
Grand, sombre, tatoué, dangereux.
Un garçon dont la réputation ne laisse aucune place au doute.
Alors pourquoi... pourquoi est-ce que ses yeux se posent sur moi ?
Je ne suis personne. Je ne suis rien.
Et pourtant, son regard me trouve toujours, comme s'il cherchait à me dire quelque chose.
Je ne le sais pas encore, mais ce regard...
ce regard allait changer ma vie.
Contrainte à vivre la vie d'une jeune Maghrébine de cité, je me suis longtemps senti obligée de me d émarquer des autres pour me sentir différente.
Alors très tôt, j'ai décidé de travaillé dur. À l'école, je voulais réussir, me faire une place, et échapper à l'image que les gens pouvaient avoir de moi. Mais ma mère... ma mère m'a freinée net. Elle m'a imposé quelque chose qui à bouleverser ma vie à jamais...
Amira: Comment pouvais-je refuser ?
Réelle.
En cours..