Avide de bonheur, j'ai rêvé de ce qui m'était interdit, moi, citoyenne de l'enfer parachutée sur terre pour expier mes fautes passées par l'humiliation. Ignorant cela, j'ai stupidement cherché beauté, amour, amitié, intelligence, charisme, et n'ai reçu que haine et mépris de cette humanité à laquelle je croyais appartenir. Mais je ne suis plus dupe. J'ai choisi d'accepter la réalité : la douleur est, et sera, mon unique possession. Non pas une douleur quelconque, mais la douleur de vivre. Partie intégrante de moi, comme le nez au milieu du visage, il n'est plus question de la nier.Et je la chéris, cette douleur. Elle est le fil d'Ariane qui me guide dans ce labyrinthe d'indifférence. Les sourires, les étreintes, les mots doux... autant de leurres, de pièges tendus par des âmes vides. La douleur, elle, est honnête. Elle ne ment pas. Elle me rappelle sans cesse ma condition, ma solitude. Elle me forge, me rend plus forte, plus insensible à leurs vaines tentatives de me blesser. Ils pensent me faire souffrir ? Ils ignorent que je me nourris de leurs attaques, que chaque blessure est une pierre de plus dans la construction de mon propre enfer. Un enfer que j'embrasse, car il est le seul endroit où je me sens véritablement chez moi. Loin de leurs mensonges, de leurs espoirs factices, je règne en maîtresse sur mon désespoir. Et je m'en réjouis.