je voudrais répondre à cette question qui revient sans cesse, comme un refrain amer :
« Pourquoi venez-vous chez nous ? »
À peine notre peau se teinte d'un peu plus de soleil, les mots tombent comme des pierres :
« Rentrez chez vous. »
Toujours les mêmes paroles, toujours la même blessure.
Mais si l'on quitte nos familles, nos souvenirs, nos racines,
c'est que plus rien ne va là-bas.
Dictatures qui bâillonnent les voix,
corruption qui dévore les nations,
guerres qui brisent les maisons,
peur qui ronge les nuits,
insécurité qui guette au coin des rues,
soins absents, espoirs brisés,
et cette pauvreté extrême qui étouffe les rêves avant même qu'ils ne s'éveillent.
Et tout cela, dû à quoi ?
À l'histoire, à la colonisation,
aux cicatrices d'un passé jamais refermé,
aux richesses pillées, aux frontières dessinées dans le sang,
aux guerres semées, à la corruption nourrie par l'ombre des puissances.
Alors nous partons, le cœur lourd, les yeux tournés vers un ailleurs qui promet la dignité.
Nous partons pour vivre, et non pour envahir.
Pourtant, quand vous venez chez nous -
visiter nos terres, admirer nos sourires,
vous détendre dans les eaux turquoise,
ou finir vos jours au soleil -
nous vous accueillons comme des rois, avec la chaleur de nos mains nues.
Mais ici, même bien intégrés,
même nés sur ce sol,
nous portons toujours cette étiquette :
celle de l'étranger, collée à la couleur de notre peau.
Et c'est cela qui fait le plus mal.
Car derrière chaque visage, derrière chaque regard,
il n'y a pas un migrant,
il y a un être humain,
avec sa douleur, son histoire et son droit d'exister.