Dans un monde, en 5550, où quand on est vieux, on devient immortel.
Dans un monde, où quand on a atteint les soixante-dix ans, on n'a plus besoin de se nourrir, on n'a plus besoin de boire, on n'a plus besoin de respirer, on n'a plus besoin d'aller aux urgences, car nos blessures se guérissent automatiquement.
Dans un monde, où les personnes âgées, appelées les « Sages » sont les voix de la perfection, de la stabilité.
Dans un monde où ces personnes sages représentent des cultes uniques, nombrables et singuliers. Il n'en existe qu'une petite centaine.
Dans un monde où elles peuvent respirer sous l'eau et dans l'espace, dans un monde où elles peuvent vivre là-haut, dans le Ciel. Ciel représentant Dieu, et son Paradis.
Mais dans un monde où, pour les enfants, il est quasi-impossible de survivre jusqu'à nos vingt ans.
Dans un monde où dès notre naissance nous sommes confrontés à de grands enjeux, dans un monde où il est difficile de s'intégrer, de se faire des amis ; car tout le monde s'imite, tout le monde complote, tout le monde se bat pour arriver au sommet, c'est-à-dire à cette vieillesse tant désirée...
Dans un monde où, contrairement au notre, la vieillesse est vue comme une sorte d'élite inatteignable.
Dans un monde où tout le monde
Est en complétion contre tout le monde.
Imaginez-vous ce monde.
Plongez dedans.
Ce n'est qu'à partir de là que vous pourriez commencer à lire mon histoire.
Imaginez-vous les compétitions entre mères : « qui va survivre, sont-ils à la hauteur, comme nous ? »
Imaginez-vous la pression vis-à-vis de l'unique gouvernement des Sages.
Imaginez-vous le fardeau que cela est pour un adolescent de survivre jusqu'à sa majorité, c'est-à-dire jusqu'à ses vingt ans, voire de devenir un Sage avant.
Une fois que vous êtes dans ce monde cauchemardesque, que feriez-vous ?
Savoir, c'est pouvoir.
Et je ne sais plus rien.
Quand je me suis réveillée, il n'y avait qu'un vide béant.
Pas d'images, pas de souvenirs. Pas de certitudes.
Juste cette pièce blanche, le froid, et des voix trop douces pour être sincères.
Ils disent veiller sur moi. Me protéger.
Mais plus les jours passent, et plus c'est évident : ils ne veulent pas que je me rappelle.
Savoir, c'est pouvoir.
Et ils me noient dans le silence.
[Rythme : un chapitre tous les lundis !]