Je déteste la veille de la rentrée. Toujours.
Mais cette année, c'est encore pire : la quatrième fois que je redouble ma deuxième année de BTS Opticien. Oui, quatrième. Vous pouvez rire, mes parents ne s'en privent pas.
- T'as intérêt à avoir ton BTS cette année, Bianca ! balance mon père, les yeux rivés sur les factures.
- En quatre ans, tu nous as coûté 36 000 € ! enchaîne ma mère. Tu t'en rends compte ?!
36 000 €. Le prix de mon échec. J'ai l'impression d'être un investissement raté, un gouffre financier. Et eux, Nicolas et Karen, 46 ans chacun, me le rappellent à chaque repas.
Je croise les bras, le cœur serré. J'aimerais leur dire que je fais de mon mieux, que chaque matin je me bats pour ne pas abandonner. Mais à quoi bon ?
Alors je lâche un petit rire amer.
- Ok, j'ai compris. La looseuse de service, c'est moi.
Je prends mon tote bag, mon parfum flotte encore dans l'air quand je claque la porte. J'étouffe. Je descends sur la Promenade des Anglais, mes escarpins claquant contre le sol comme pour me rappeler que je suis trop fière pour renoncer à mon style, même en pleine galère.
Je m'assois face à la mer, croque dans une Pink Lady volée dans le frigo et marmonne toute seule :
- Si ça continue, je vais vendre mes pieds sur MYM pour rembourser leurs dettes.
Je rigole nerveusement. Personne ne sait à quel point je me sens coincée.
Pas mes parents. Pas mes profs. Pas mes camarades qui me regardent de travers.
Moi, c'est Bianca.
23 ans.
Quatre tentatives de BTS.
Et zéro plan B.
Mais ce que je ne sais pas encore, c'est qu'à 300 kilomètres de là, à Monaco, un destin rouge Ferrari est déjà en train de m'attendre.