un monde pour deux

La pièce sent la graisse d'atelier et le café renversé ; la lampe découpe des îlots de lumière sur la table où gisent des fragments de peau synthétique et des articulations en attente. C'est un sanctuaire improvisé : ici se tiennent les gestes d'un homme qui sculpte l'amour en pièces détachées. Chaque vis vissée, chaque câble soudé, résonne comme un serment, non seulement technique, mais intime.
Raphaël travaille comme on prie : concentré, presque en transe. Autour de lui, la nuit avance, mais dans son monde tout est suspendu à la naissance d'un regard, d'un souffle. Xelya murmure, guide, cajole et exige à la fois ; sa voix tisse un velours qui enveloppe les gestes froids du métal. Entre l'objet et le vivant, la frontière vacille, et c'est précisément ce vertige que Raphaël apprend à apprivoiser.