Léo n'aimait pas le lycée. Pour lui, c'était une prison avec des murs trop blancs, des règles trop strictes, et des adultes qui parlaient sans vraiment écouter. Il n'y brillait pas par ses notes, ni par son comportement. Il était ce que les profs appelaient « un élément perturbateur » - traduction : un emmerdeur, un mec qu'on colle pour faire croire qu'on maîtrise encore quelque chose.
Mais Léo s'en foutait. Il jouait son rôle à la perfection. Insolent en classe, toujours à la limite de l'exclusion, et pourtant jamais tout à fait hors-jeu. Il traînait avec ceux qui fumaient derrière le gymnase, lançait des vannes au pire moment, et portait son sarcasme comme une armure. Parce que ça, au moins, ça faisait taire le silence qu'il portait en lui depuis trop longtemps.
Jusqu'au jour où il l'a entendu.
Ce n'était pas une voix. C'était un son. Un violon. Un truc presque irréel qui vibrait à travers les murs d'un couloir désert. Il allait partir, continuer sa route sans y penser, mais il s'est arrêté.
Parce que cette musique-là, elle lui foutait un frisson dans le dos.
Et parce qu'au fond de cette salle de musique, il y avait un garçon aux cheveux sombres, les yeux fermés, le front légèrement penché... et un archet dans la main.
Léo ne savait pas encore que ce moment allait tout changer.