L'amour avant la lucidité Il y a des visages qu'on oublie sans effort, et d'autres qui
s'impriment en nous comme une brûlure douce. Je n'ai jamais su à quelle catégorie appartenait le
mien. On m'a souvent dit que j'avais l'air douce, que mes traits étaient faits pour la tendresse.
Pourtant, à l'intérieur, tout était chaos. Mes yeux couleur miel savaient sourire quand mon cœur se
taisait, et mes cheveux châtain doré - presque blonds sous la lumière - cachaient mal la fatigue
de mes pensées. Je mesurais un mètre soixante-cinq, mais parfois, face à la vie, je me sentais
minuscule. Mon reflet donnait l'impression d'une fille simple, presque fragile ; ce n'était qu'une
façade. L'innocence que l'on voyait sur mon visage n'était qu'un reste de lumière d'avant la chute.
Adam, lui, avait ce mélange étrange de maladresse et de présence. Un mètre soixante-dix, des
cheveux blancs prématurés qui lui donnaient un air plus vieux qu'il ne l'était. Ses yeux bruns ne
disaient pas grand-chose, mais sa moustache et sa petite barbiche lui dessinaient une expression
sérieuse, presque fière, comme s'il essayait toujours d'avoir raison du monde. Il avait ce nez trop
grand pour être harmonieux, mais qui le rendait unique - comme ces défauts qu'on finit par aimer
malgré soi. À mes yeux, il était la contradiction même : un calme apparent pour dissimuler la tempête .