À la vie à la mort

Lénie a grandi entre deux mondes qui ne se touchent jamais : celui de la misère et celui du luxe, séparés seulement par les murs de la demeure Bailly, où sa mère, Cindy, travaille comme domestique depuis des années. Enfant vive et volontaire, Lénie apprend très tôt à observer sans faire de bruit, à se glisser entre les silences des adultes et à se faire petite pour ne jamais déranger.

Sa relation fusionnelle avec sa mère est le pilier de sa vie. Cindy est tout pour elle : la force, le courage, la tendresse, le sacrifice. Mais derrière son sourire lumineux, Cindy porte un secret lourd : l'identité du père de Lénie. Alexandre Vacher, homme riche, influent, orgueilleux, a rejeté Cindy dès qu'il a appris sa grossesse, la laissant livrée à elle-même. Lénie grandit avec ce manque, cette blessure invisible, cette rage sourde de n'avoir jamais été reconnue.

Quand sa mère perd son travail et sombre financièrement, elles sont forcées d'accepter l'aide de la famille Bailly. Humiliée par la pauvreté, Lénie promet intérieurement de s'en sortir. Elle se révèle brillante à l'école, travailleuse acharnée, curieuse, disciplinée. Elle est celle que rien n'arrête, celle qui ne plie pas, même quand on l'écrase. Elle devient la meilleure de sa classe, la plus rapide au foot, la plus déterminée de toutes.

Mais l'ombre de son père la suit. Sans le vouloir, Lénie finit par le rencontrer, un moment violent, brutal, qui confirme ce qu'elle a toujours redouté : il ne la reconnaît pas, ne la respecte pas, ne la voit même pas comme un être humain. Cet affront marque un tournant en elle : plus jamais elle ne quémandera l'affection de quelqu'un. Plus jamais elle ne rabaissera la tête.

Alors qu'elle grandit, Lénie se construit seule, pierre par pierre, blessure par blessure. Elle apprend à tutoyer la force, la fierté, l'indépendance. Elle comprend que les riches ne sont pas plus heureux, juste plus protégés.