Prologue
Il y a des vies qui portent trop de poids.
Des vies remplies de silences, de combats, et d'histoires que personne ne devine vraiment. Celle de khalti en faisait partie. Derrière son sourire discret, il y avait des blessures profondes, des années difficiles, des épreuves qu'elle a traversées seule bien plus souvent qu'elle ne l'aurait mérité.
Je n'ai compris la force de sa vie que le jour où elle a commencé à s'éteindre.
C'était un samedi, un jour qui n'avait rien de spécial. J'étais avec ma petite cousine quand le téléphone a sonné. La voix de ma mère tremblait :
« Viens... ta tante ne va pas bien. »
Ces mots-là ont fissuré tout mon monde.
À l'hôpital, l'air semblait lourd, presque conscient. Dans ce couloir où le temps ne passait plus, j'ai compris que quelque chose d'irréversible était en train de se jouer. Et derrière la porte, il y avait khalti, celle qui avait tant souffert, tant encaissé, tant enduré... et qui, malgré tout, avait continué d'avancer.
La voir ainsi, fragile, suspendue entre ce monde et l'autre, m'a fait réaliser à quel point elle avait vécu dans l'ombre. À quel point ses douleurs avaient été muettes, invisibles pour ceux qui ne savaient pas regarder.
Ce jour-là, j'ai senti son absence avant même qu'elle ne parte.
Et c'est pour elle que j'écris.
Pour raconter la femme qu'elle a été.
Pour que sa vie, aussi triste et difficile fût-elle, ne disparaisse pas dans le silence.