Elle aurait aimé devenir plus petite qu'une poussière, mais le destin n'en fit rien. C'était comme si sa destinée se trouvait très loin, vous voyez, si loin que même du ciel, elle ne pouvait toucher les étoiles, et vous saviez, je la connaissais plutôt bien, cette fille. Elle n'aimait pas spécialement les soirées, simplement parce qu'elle n'y était jamais invitée, mais celle-ci devait être différente. Elle l'avait choisi. C'était le bon moment.
Pour crier cette haine, pour crier cette peine, c'était l'heure de la lune, l'heure des esprits changeants, elle avait besoin de dégager cette coque qu'elle s'était forgée, vous comprenez.
Et là ce fut le bouquet final, vous saviez il n'y a rien de plus beau qu'une étoile qui retrouve son ciel. Se fut l'âge de sa révolution, révolution interne, celle où crie désespoir et mal-être. Elle lâcha prise, et le monde aussi. Dans la salle, le silence berçait l'instant présent, les voix n'écoutaient qu'elle, elle était devenue la reine du bal, elle pouvait voir les cygnes dansant avec elle, elle pouvait croire ses rêves dans une réalité, elle pouvait vivre dans cette société.
Et quand les néons s'éteignirent, il ne resta plus rien d'elle, à part des souvenirs douloureux et une âme en péril. Et quand les regards changèrent de vue, ses pleurs n'avaient plus de couleurs.
Vous savez, je la connaissais plutôt bien, elle était assez grande, les yeux assez ouverts sur le monde, la tête sur la lune, la raison dans les nuages et le cœur dans les étoiles. Vous savez cette fille, elle n'est pas différente de vous, elle peut même être vous, celle qui pleure au fond de la salle d'histoire. Celle qui s'assit seule à la cantine, celle qui ne parle pas, par peur de laisser des mots sûrement trop libres pour assumer ses pensées, c'est elle.
Celle qui ne vit plus.