Une lueur au fond de la ruelle

Si on lui avait dit que ce jour serait différent, Randolph ne l'aurait pas cru. Pour lui en tout cas, cette journée avait commencé le plus ordinairement du monde. Il s'était levé tôt, d'humeur maussade, avait enfilé son costume grisâtre, puis avait conduit dans la circulation de la métropole, se faufilant tant bien que mal entre les fumées goudronnées et pestant contre ces automobilistes poussifs qui refusaient de s'écarter de son chemin. Il était enfin arrivé à la tour qui servait de siège aux « Encres et Revêtements TechCorporation » , non sans quelques derniers coups de klaxons hargneux. L'imposant bâtiment aux parois de verre surplombait l'usine de l'entreprise. Un tampon encreur massif ornait le fronton de la porte. Ce n'était clairement pas trop tôt. Il avait bien plus important à faire que de s'empêtrer dans des bouchons avec ces demeurés de concitoyens.