Expirer, c'est mourir. L'inspiration, c'est la vie. La vraie vie. C'est le souffle en profondeur, à l'intérieur de l'être. Comme si le Vent, dont nul ne sait d'où il vient ni où il va, inhalé par l'être, lui insufflait l'essence des choses, la subtilité même. Suffit-il que l'esprit du récipiendaire soit préparé, notamment par la socioculture, l'expérience, pour que le Vent vienne et le féconde ? Ou, idéalement, le Vent, avec une certaine autonomie, choisit-il celui qu'il inspirera ? L'exemple le plus caricatural de l'inspiration est peut-être celui de l'écriture automatique, exercice auquel nombre d'écrivains ou de simples curieux se sont livrés. Les seules écoles modernes de la pensée doivent-elles expliquer cet afflux incontrôlé de phrases parfois limpides ? L'Inconscient-roi version psy-"chose" est-il à cette aune la seule clef de la livraison de textes que l'auteur même - et ici, nous sortons largement du cadre de l'écriture automatique - ne reconnaît pas à la relecture ? Mozart (divin, chacun le sait, mais tout de même...), qui écrit d'urgence une symphonie en deux jours et une nuit, alors que tous ses feuillets d'écriture - donc aussi ses thèmes - lui sont enlevés au fur et à mesure pour que l'orchestre puisse répéter ! Qui !... Comment !... La bizarrerie, c'est précisément la faculté d'en appeler à l'utilisation de ressources en soi, à priori insoupçonnées, c'est-à-dire, pour la création d'une œuvre dont la finalité nous est sans doute connue le plus souvent, l'occurrence d'une forme et d' « accidents » peu maîtrisés. « C'est moi qui ai écrit cela ? J'aurais donc peint ceci ! Comment pouvais-je savoir et exécuter, en aveugle, dirait-on, cette parcelle d'œuvre... ? »
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