" Aujourd'hui maman est morte. Ou peut être hier je ne sais pas. " J'aurais aimé commencé un livre comme ça, de manière magistrale et forte, sensationnelle. Avec des mots, qui ont un sens. Brut, direct, efficace. Avec des points qui te font suffoquer. Avec de la haine et de l'amour à la fois. Mais je ne peux pas. Car je ne suis pas Camus, même pas écrivain. Car je n'ai jamais ressenti l'amour ou la haine, car je ne parle pas la langue des mots. Car ma mère n'est pas morte. Même si parfois j'ai l'impression que "ma mère" à moi est comme un peu morte. Depuis le divorce c'est un peu comme si une partie d'elle était restée avec papa. Dans la vie, ce qui m'intéresse, ce sont les complications. Les questions existentielles, celles qui t'embrument l'esprit, celles qui enfantent l'insomnie. J'aime les mots même si je ne les comprends pas. Comme j'aime ma mère même si je ne la comprend pas. J'aime l'incompréhensible compréhensible. J'aime les contradictions. J'aime les complications.