Après la messe, alors que je raccompagnais ma mère chez elle, nous vîmes un regroupement de personnes, hurlant, sifflant, huant quelque chose ou quelqu'un... Nous nous approchâmes donc et, pour la première fois dans cette bourgade, je vis de la couleur. Je m'avançai donc, ma mère tenant mon bras, et, quand nous fûmes tout près du lieu où se tenait le groupe, je fus pris d'un haut-le-cœur ; devant nous, à quelques mètres seulement, se trouvait attaché à un poteau, un amas de chair sanguinolent dont les plaies béantes et nombreuses, semblables à des bouches innombrables, donnaient l'impression que des cris de douleur s'échappaient par chacune d'entre elles. Je restais là, à la fois fasciné et horrifié par ce tableau cauchemardesque, dans lequel mon regard se perdait , ne comprenant pas pareil spectacle. Et alors que je sentais une peur viscérale monter en moi, une forte traction s'exerça sur mon bras, m'emmenant loin de la monstruosité et de la sauvagerie de cette scène, restée gravée dans ma mémoire malgré les années écoulées et qui continue encore et toujours de hanter mes nuits les plus agitées. Ce jour-là, j'avais vu un bûcher pour la première fois.All Rights Reserved
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