Une jeune fille se tient au milieu de la nuit, sous les étoiles, perdue au milieu des ténèbres, éclairée par les lucioles à la chaude lueur dorée dont elle protège la lumière. Rassurée, elle rit doucement, timidement. Puis le soleil se lève, l'aube parant le ciel de rose, d'orange et de violet. Elle esquisse un sourire apaisé, ses yeux noisette grands ouverts devant cette oeuvre d'art de lumière et de couleurs. Quand l'astre s'arrête au zénith, la brise joue dans ses cheveux bruns. Elle s'élance et éclate de rire, le vent fouettant ses joues rosies par la course, le coeur battant à tout rompre. Puis la pluie vient tremper son visage et se mêle à ses larmes. Les nuances bavent, comme de l'aquarelle, se mélangent. Elle trébuche, se relève. Et le soleil revient, amenant l'arc-en-ciel. Mille teintes, de sept couleurs, se dessinent dans les nuées, et elle essuie ses joues d'un revers de la main avant de relever la tête. Le crépuscule joue à nouveau entre le jour et la nuit, les premiers astres nocturnes se rallument sur le velours bleu sombre du ciel, dessinant de délicates constellations qui semblent brodées d'argent, et tout recommence.
Mais elle ne pleure plus, ne craint plus : elle sait que quoi qu'il arrive, elle peut résister, se relever, et que malgré la difficulté, la vie réserve encore un peu de bonheur. Alors elle se relève, repoussant une mèche d'une main aux longs doigts fins et agiles, et s'approche d'un pas aérien d'une autre silhouette aux yeux sombres, qui, la tête baissée au milieu d'une tempête qu'elle ne peut quitter, semble prête à s'effondrer. L'adolescente brune lui attrape la main, la prend entre les siennes, capte le regard désenchanté de celle qui lui ressemble comme un sombre reflet, et l'attire lentement à elle. Elle la berce, sèche ses larmes et finalement murmure :
« Viens avec moi. »
« Où on va ? »
« Vers l'arc-en-ciel. »
« A quoi bon ? »
« Je veux te montrer à nouveau les couleurs.