Instant crucial figé dans la lueur de l'oubli, ramené par l'esprit dans un mouvement tortueux pour nous faire tomber. Les souvenirs nous tiennent, en haleine, à la limite du réel, de ce que nous connaissons, de ce que nous fuyons. Ils nous empêchent d'oublier. Ils nous empêcher d'avancer. Et on les traîne toute notre vie, nous enfonçant dans les ténèbres de ces moments qui resteront à jamais ancrés dans notre esprit. Je t'ai connu. Je t'ai perdu. Toujours loin, toujours abstrait, mais jamais oublié. J'ai écrit. Sur toi, sur nous. Même s'il n'y a jamais vraiment eu de nous. Et je suis partie. À l'autre bout du monde, de toi, de tout ce que nous avons connu. J'ai changé. Le temps aussi. Mais tu n'as pas disparu. Tu existes encore. Dans mon corps, dans mon cœur, dans mes pensées. Et tu existes aussi pour des millions de gens. Tu es célèbre et tu m'as rendue célèbre. Aujourd'hui, tout le monde est au courant de nous, de toi, de moi, de notre histoire qui n'existe que dans mon esprit. Et les gens aiment. Même les Ricains ont fini par t'apprécier. C'est peut être pour ça que je suis à deux doigts d'adapter cette utopie sur grand écran. Ce livre, cette vie, c'est tout ce que je me souviens et qui me hante. Ce sont mes sentiments et ton ignorance. Étalés au grand jour devant des millions de personne. Mais après tout, pourquoi faire demi-tour ? Tu n'es pas là. Tu ne l'as jamais été. Et tu ne m'as jamais connue.