Un beau jour, un de ceux où le soleil tape fort mais pas assez pour vous brûler, où la lumière est vive mais pas à vous en aveugler, où les oiseaux chantent pour bercer les doutes, un beau jour petite étoile décida de sortir voir le monde.

Et elle vit.

Les fleurs qui naissent au printemps, le monde qui se colore, les animaux qui sortent, qui chantent, qui courent, la vie qui s'exprime.

Les fruits qui font apparaître l'été, le soleil qui fait durer les journées, les étoiles filantes, les graines qui se sèment, les enfants qui commencent à exister en silence.

Les feuilles qui tombent en automne, les couleurs qui s'enflamment, la pluie qui vient éteindre le brasier, les odeurs qui naissent des sous-bois, le monde qui se prépare.

Les premiers flocons de l'hiver, la vie qui se fane, les nuances qui se lissent, les ciels froids épurés, le silence pesant, les pas qui ne se marquent que temporairement.

Entre ses mains reposait son cœur, petit cristal fragile. 
Teinté de tout ce qu'il avait vécu, il avait besoin de repos lui aussi.
Alors petite étoile le posa là, caché sous la poudreuse, lui promettant de vite revenir.

Mais à peine fut-elle partie, 
Que quelque plaisantin vint.
Et, se saisissant de la pierre pure,
Il la jeta à l'eau,
Criant en même temps : "va la chercher si tu veux la récupérer !"

Alors petite étoile ne réfléchit pas, elle fonça.
La surface de l'eau ne se troubla qu'à peine sous ses pas, elle volait presque sous le regard des étoiles.
Et puis, au moment où elle récupéra son coeur, elle comprit. 
Il n'était pas léger, lui. 
Et la personne qui l'avait lancé rit en la voyant se noyer.

Mais elle ne se laisserait pas faire.
Elle voulait voir ce qui viendrait après l'hiver.
Alors elle continua de courir,
Ne s'arrêtant pas.

Et les gens qui la virent,
Ombre valsant sur les flots,
Silhouette nue sous la lune,
Ne purent qu'admirer l'infini ricochet,
Celui qui avait été envoyé à l'eau pour être noyé,
Mais s'en servait pour danser.