La réunion parents-profs pffiou !

51 2 2
                                    

La journée avait bien commencé jusqu'à ce que mon compagnon m'envoie un message dans lequel il me priait d'aller le soir même à la réunion parents-professeurs de sa plus grande fille, Axelle...
De mauvaise grâce, j'avais cédé puisque je mesurais l'importance d'un pareil rendez-vous pour la scolarité de ma belle-fille.
Je lui avais donc promis de m'y rendre à sa place...

Et, me voici, maintenant, alors, clouer parmi un groupe de parfaits inconnus, à qui je dois, de surcroît, faire bonne figure en me présentant cordialement et en satisfaisant leurs petites interrogations peu pertinentes.
Maudite réunion parents-professeurs !
Est-ce ma place, sincèrement ? Axelle n'est pas ma fille, que je sache.
J'attends alors impatiemment qu'on me fasse enfin pénétrer dans l'un de ces petits bureaux où je serais écouté attentivement les dires au sujet de ma belle-fille...
Heureusement, je suis armée de mon fidèle carnet où j'ai inscrit soigneusement la veille, le nom respectif des professeurs et l'horaire précis de chaque rendez-vous.
J'ai en tout quatre rendez-vous à subir : le français, les mathématiques, l'histoire-géographie, quant au dernier, c'est à moi de l'attribuer d'office ou plutôt négocier avec Axelle.
À la fin de ces trois rendez-vous, je me sens drôlement épuisée et ai la bouche sèche à force d'avoir discuté.
En conclusion, Axelle à un comportement et des notes irréprochables, c'est déjà cela, pas vrai ? Je suis assez fière d'elle malgré le fait qu'elle ne soit pas ma véritable fille...
Reste désormais à choisir le dernier rendez-vous.
— Que dirais-tu d'anglais ?, suggérais-je doucement.
— Tout sauf elle !
— D'accord. Dis-moi, tu aurais pas un prof avec qui les rendez-vous dure pas beaucoup de temps, tellement il est peu bavard ?
— Oh, si bien sûr, le prof d'EPS !
— Parfait, allons donc lui rendre visite !
Je m'engage alors une fois de plus dans l'allée des bureaux...
Soudain, on me percute, j'entends une voix grave et plaisante marmonner entre ses dents serrées : « Je suis encore à la bourre, c'est pas vrai ça ! »
Me voici alors maintenant, la tête enfouie dans ce que j'appelle un torse très comme il faut par sa musculature bien dur, sous le polo vert Ralph Lauren, je vois se dessiner clairement d'admirables et larges pectoraux carrés où le cœur bat plus vite, à cause de l'adrénaline de sa course.
Il est certain que cet homme qui m'est pourtant parfaitement inconnu, dégage un magnétisme particulier, quelque chose d'assez âpre aussi, mais terriblement séduisant...
Il émane de tellement de virilité assumé, achemine mes pensées. Comme si la situation n'était pas assez risible ainsi, encore perdue dans mes songes peu raisonnables, je m'emmêle dans ses jambes et perds ainsi tout équilibre.
Aussitôt, je sens le bras habile et poilu de l'homme se glisser sous mon dos, mes hanches se plaquent contre les siennes, je sens son membre durci, soutenu autant fermement ; il m'évite la fatidique chute.
Lors de ces vifs instants, la tête basculant légèrement en arrière, je ne peux échapper à son regard intense à la courbe caressante d'un bleu que rien ne peut troubler, je secoue mes cheveux comme si ses yeux saisissants ne sont que pur mythe, il me remet debout ensuite d'une simple pression et lâche ma taille.
— Merci, soufflais-je, ma voix me parait si ridiculement fluette et fragile, une véritable voix de petite fille perdue dans un supermarché, recueilli par un très bel inconnu, voici tout...
— Je n'allais tout de même pas vous laissez tomber, c'est votre jour de chance, on dirait bien !, s'écrie t'il avec un sourire amusé.
— C'est de votre faute, après tout !
— C'est vrai, concède t'il avec un large sourire qui m'éblouit de toute sa splendeur.
— Vous vouliez me voir, je parie ? ajouta-t-il avec un clin d'oeil.
Mes joues s'empourprent indéniablement.
— Qui êtes-vous, déjà ?
Il rit.
— Monsieur Tissot, le prof d'EPS d'Axelle et à qui ai-je donc l'honneur ?
— Claire, une proche du père d'Axelle.
— Entendu, sourit-il.
— Mais attendez, j'aurais dû m'en douter de qui vous étiez vu comme vous êtes habillé !, commentais-je brusquement en balayant du regard sa tenue se composant alors d'un polo, d'un jogging ample et clou du spectacle, des Nike grises aux touches vert fluo et lacets blancs. Savante palette de verts !
— À ce propos, charmante jupe !
Comment a-t-il remarqué ma jupe puisque que son regard est en permanence dans le mien ?
— Merci ! Vos baskets ne sont pas mal non plus !, ne puis-je m'empêcher de réagir en les regardant encore, brièvement, du moins...
Il réprime un petit rire en fronçant ses arcades sourcilières que je m'amuse moi-même à trouver drôlement bien dessinées. M'est-il un peu de crayon à sourcils ? Je ris intérieurement à cette idée non-plausible, un peu trop viril pour se maquiller, Monsieur le Prof d'EPS, pas vrai ?
— Vous trouvez ?, repris t'il, tout amusé, me sortant de ma rêverie.
— Mais bien sûr !
Il recouvre tout à coup son sérieux et déclare en se penchant tellement vers moi que je sens son souffle tout contre mon visage et que je peux inspirer à sa guise son parfum intensément tentant :
— Venez, il est temps, que je vous conduise à mon bureau, enfin si cet imbécile de collègue ne me l'as pas pris bien entendu, sinon ça va chier, prévint t'il.
Il nous emmène alors une fois de plus à l'autre bout du couloir, tandis que j'observe ses belles fesses se mouvoir gracieusement sous le tissu de jogging. Je parie qu'en dessous, il n'a rien mis...
Je souris à cette excitante et défendue pensée.
Bon sang, Claire, il n'a pas loin d'une bonne quarantaine d'années ! Il est très certainement marié et a des mioches par la même occasion !
Lorsque nous arrivons, le bureau est pris par le collègue en question...
Il semble tout juste diplômé et s'avère aussi frêle de poids comme de taille qu'un adolescent de treize ans, pas du tout comme son collègue à l'admirable musculature dont je viens à peine de faire la connaissance...
Il faut que j'arrête avec lui, et cela, dès maintenant !
Sous mes yeux ébahis, malgré le fait qu'il y ait un parent dans le bureau, celui-là même à qui je pense tant, pousse la porte avec fureur peu contenue et crie : "Jason, sors tout de suite de mon bureau avant que j'éclate ta petite figure sur la table".
Je me retiens de rire avec difficulté...
Mais qu'est-ce qu'il est sexy Monsieur le Prof d'EPS quand il s'énerve ! J'aimerais tant me faire disputer, et même punir par lui ! Surtout, s'il utilise ses grandes mains viriles et veinées !
Oh, je vais trop loin, décidément ! Pourquoi je pense à une chose si excitante que j'en ai honte, alors qu'il est à deux doigts de s'en prendre à son collègue d'une manière véritablement peu commode ?
Hésitant, le Jason en question, déclare enfin :
— Écoute Christophe, je suis vraiment désolé ! C'est juste que comme tu n'étais toujours pas là, eh bien...
— Eh bien, tu en as tout bonnement déduit alors que tu avais acquis tous les droits, pas vrai ?, le coupa-t-il sèchement.
— C'est bon, j'y vais..., marmonne t'il en baissant le regard.
— Très bien, soupire alors le charmant et autoritaire Christophe non sans un sourire narquois, il récupère donc sa place sous nos regards médusés respectifs dont celui du parent encore présent sur les lieux.
— Ah Monsieur Vermeil, vous pouvez disposer, commenta t'il, glacial.
Il s'exécute sur-le-champ, sans demander son reste.
Il se lève pour refermer la porte sur nous en soupirant "et la porte ça se ferme, non ? Connard !"
Ensuite, il nous fait signe sévèrement de prendre place sur deux des sièges lui faisant face.
À notre tour, nous exécutons son ordre.
— Bon, alors débutons enfin ! clama t'il, tout amusé d'un coup en tapant fort dans ses mains.
Il recouvre son sérieux totalement après une courte pause et déclare d'une voix douce et profonde qui a le don de me mettre drôlement à l'aise : " Je n'ai pas grand-chose à dire sur Axelle, voyez-vous. C'est une élève calme et serviable. Elle est toujours très attentive lorsque que j'expose mes consignes, ce qui explique probablement le fait qu'ensuite elle réussisse dans pas mal des disciplines sportives que j'impose.
J'adore la manière presque sensuelle dont il prononce certains mots comme "probablement" et "disciplines".
J'arrive donc à l'écouter malgré le fait que je dévore des yeux sa bouche parfaite à la forme légèrement en cœur, entouré d'un soupçon de barbe rugueuse.
— Très bien, je transmettrai vos dires, n'ayez crainte, réagis je enfin tandis que mon regard cherche le sien qui jusqu'ici s'aventurait dangereusement ailleurs que dans ses yeux...
In nous raccompagne et nous ouvre la porte galamment et me demande avec un sourire amusé, ses sourcils se fronçant encore, d'un air presque moqueur :
— Vous transmettez aux deux parents, c'est bien ça ?
— Je verrais bien... Ça m'a plus en tout cas de servir de dépanneuse, si on peut dire ça !
Il sourit puis éclate de rire.
— Vous pouvez totalement, oui... Moi aussi, ça m'a plus, incontestablement. Passez une bonne fin de soirée, Claire Arquet.
Qu'est-ce qui lui a plus aussi ? Bon sang, il a le don de mettre un sacré trouble chez moi !
— Merci, vous aussi, Christophe Tissot. Au fait, je vous remercie encore pour tout à l'heure, sinon j'aurais eu l'air bien cruche sans vous...
— Il n'y a pas de quoi, assure t'il tendrement, avec un clin d'œil, toujours aussi amène et souriant.
Nous nous séparons alors sur ces bons termes...
Malgré tout, juste avant de sortir sur le parking, je me retourne et affronte pour l'ultime et dernière fois son si perçant regard clair ayant adopté des reflets verdâtres d'un coup. Je me rends ainsi compte qu'il était encore en train de me regarder...
Je lui fais un signe de la main, il sort de sa rêverie et y répond en m'accordant un nouveau et si éblouissant sourire.

De retour dans la voiture, Axelle sur le ton de la confession, me déclare tout à coup :
— Je n'aime pas du tout ce prof, il est très pervers, méchant et moqueur !
J'éclate brièvement de rire.
— Mais, voyons, il est un peu grinçant mais il a l'air très attachant !, m'offusquais-je.
— C'est ton genre d'hommes, hein ? Pourtant, mon père n'est pas comme ça !, réplique t'elle, légèrement amère.
Arrête de raconter n'importe quoi, veux-tu ?, conclus je d'un ton sec.
Le reste du trajet, aucune de nous deux ne dit mot.

Les heures suivantes, je ne cesse de sourire, comme une parfaite idiote.
Je me surprends moi-même, à songer à lui, si souvent ! Je me remémore sa musculature sans once de graisse, ses traits irradiant d'indécente perfection, ses sublimes yeux bleus aussi saisissants que ceux d'un loup, sa mâchoire au tracé ô combien harmonieux, ses arcades sourcilières trahissant son interrogation et son amusement, son épaisse tignasse gris clair qui rebique irrésistiblement, mais qui reste malgré tout discipliné, ses mains viriles mais si douces...
Finalement, cet état d'euphorie dans lequel je suis plongée, dure des semaines entières.
Plusieurs semaines remplies de bonheur, d'espoir sucré et de perpétuelle excitation ne connaissant nulle fin...
Un mois plus tard, cependant, je me sens soudainement gagnée par une certaine tristesse et un ennui profond et sinistre.
Si bien, que dorénavant, j'ai décidée de me porter volontaire pour aller emmener et chercher Axelle à son collège, en espérant que mon unique souhait se réalise...

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Oct 14, 2021 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Un amour improbable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant