One Of Those Night

chapitre sept

La pluie ne voulait plus quitter la ville de Charlotte. Il faisait constamment gris et une brume fine mais incessante s'abattait à l'extérieur. Je me contentais de regarder le spectacle par la fenêtre, ne souhaitant pas participer à la vie qui se déroulait au dehors. Je restais enfermée dans ma chambre, une sensation de vide en moi. La peine grignotait mes dernières bribes d'énergie. Je laissais Netflix défiler, je ne savais même pas ce que je regardais et je m'en fichais royalement. J'étais emmitouflée dans un plaid, en pyjama, devenu ma tenue de tous les jours, à fixer l'écran et en jetant de bref coup d'œil par la porte en verre. J'étais incapable de dire le jour qu'on était. Et ça aussi, je m'en fichais royalement. Les journées se ressemblaient toutes et aucunes n'étaient avec Shawn alors elles ne méritaient pas d'être vécues à fond. Quand mon téléphone vibrait, j'observais l'écran dans l'espoir de voir une bonne nouvelle mais ce n'est jamais le cas. La plupart du temps, c'était surtout pour que je donne une bonne nouvelle aux gens à propos de mon état. Je répondais longtemps après, de courts messages, histoire de n'inquiéter personne mais de ne pas non plus ouvrir le dialogue. Mais parmi tous ces messages, l'un d'eux m'interloqua. Il venait de Nash. Il me demandait si j'avais des nouvelles de Cameron. En effet, après réflexion, c'était le seul qui ne m'avait pas envoyé de messages. Je n'avais aucune envie de téléphoner à qui que soit maintenant. J'étais enfermée dans mon cocon de solitude et je ne voulais pas en sortir. Malheureusement, ma curiosité prit le dessus. J'appela le contact « Cam' » avec la photo de lui, endormi sur un canapé, le visage couvert de dessins fait au marqueur noir. Il y eut environ deux ou trois bip avant que cela coupe. « Salut, vous êtes bien sur le répondeur de Cameron, vous savez quoi faire, à plus ».

- Merde.

Je pesta à voix haute. Pourquoi il ne répondait pas ? Et pas qu'à moi, visiblement. Je n'étais pas bête, je savais reconnaitre quand quelqu'un vous raccroche au nez. J'étais suspicieuse vis-à-vis du comportement de Cameron. Cela demandait plus ample renseignements. Mais pour l'instant, j'étais investie d'une mission : ne strictement rien faire. Et m'inquiéter pour les autres était à mille lieux de cette obligation. L'isolement me convenait très bien après tout. Je continua mon ménage anti-humain pendant un moment. La nuit était tombée et j'étais encore dans ma chambre, coupée de tout. Soudain, on toqua à ma fenêtre et cela me sortit de mon confort. Je vis dans l'obscurité, une silhouette m'apparaissant familière. J'ouvris la porte et Nash se tenait devant moi.

- Salut, Kayson.

A son timbre de voix, je comprenais qu'il était soulagé de constater que j'étais disposée à le recevoir et non prête à l'envoyer balader.

- Salut. Qu'est-ce que tu fais ici ? Répondis-je.

Son air s'assombrit, attendant visiblement un accueil plus chaleureux.

- Je viens t'apporter tes cours. T'as manqué quatre jours déjà. Je me suis dit qu'il valait mieux te les amener petit à petit, sinon ça te ferait tout d'un coup.

Je souris faussement ravie. Les cours ne m'intéressaient pas en général. Alors dans une période où même les choses que j'aime faire ne me font plus envie, les choses que je déteste sont encore moins les bienvenues dans mon quotidien.

- C'est gentil mais j'ai pas le cœur à faire mes devoirs, de toute façon. Avouai-je.

Nash sortit une pile de cahiers et de livres de son sac et la déposer sur mon bureau. Il se préparait à sortir un bloc-notes resté au fond du sac mais quand il m'entendit, il abandonna. Il se redressa, droit comme un I et croisa ses bras contre sa poitrine.

- Comment tu te sens ? Demanda-t-il d'un ton bienveillant.

- Bien. Ces médicaments sont une pure merveille. Tu sens plus rien après les avoir pris.