Âme Vagabonde

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Le jeune homme marchait à pas lent dans la rue vide. Il faut dire qu'en hiver, peu de personne osaient sortir pour affronter le froid qui leur mordait la chair. Ses long cheveux noirs retombaient sur ses épaules dans des ondulations légères. Il marchait, la tête haute, le visage exposé à la lumière bleue pâle de la lune. Elle était là, haute dans le ciel, pleine de tout. Elle éclairait tout, comme pour lui dire qu'elle était là, qu'il n'était pas seul, qu'il y avait quelqu'un pour le conduire dans la bonne direction.

Les talons de ses chaussures noires claquaient contre les pavés humides. Quelques lampadaires étaient allumés ça-et-là. Il releva son visage fin en direction de l'astre qui sembla lui sourire. Ses lèvres fines s'étirèrent en un sourire parfait. Ses yeux noisettes se mirent à briller de milles étoiles et il reprit sa route. Le cœur battant.

Ce n'était pas la première fois que je l'apercevait la nuit. Non, ce devait être la deuxième fois déjà. Mais jamais je ne l'avais vu en pleine journée.

Chaque fois, il venait dans la rue, il marchait lentement puis il s'arrêtait faisant régner un silence et enfin, il relevait la tête en direction de la lune qui se montrait toujours lorsqu'il était là et il souriait. Il souriait d'un sourire pur et éclatant.

La première fois, je l'avais prit pour une apparition, ce devait être la semaine dernière. Il baignait dans cette clarté, au début, j'ai eu peur tant il brillait dans cette lumière bleue qui inondait ma chambre.

Je le regarda s'éloigner, je me pencha un peu plus à la fenêtre. Je regarda la façon dont ses cheveux bougeaient calmement, la lenteur avec laquelle il partait. Mais j'écoutais surtout, le bruit de ses talons claquer encore et encore. Une brise légère se leva, ma chemise ample bougea légèrement, et je souris moi aussi.

Peut-être qu'il reviendra.

Je fût réveillé par les cris incessant de mon père. Il fallait se lever, se préparer, se hâter pour que la maison brille, pour que tout sois fait.

Il entra dans ma chambre comme une furie, le visage déformé par la colère.

- Erza ! Lèves toi !

Je sortit de mon lit d'un bond, remettant mes vêtements en place. Ma tête tourna légèrement.

- Aujourd'hui, tu viens avec moi à la chasse. dit-il fermement puis il sorti en fermant la porte derrière lui.

La chasse ? Je n'aimais pas ça. Bien sûr, je ne m'étais jamais plaint lorsque mon père rentrait avec du gibier mais moi, j'étais incapable de tenir une arme. Et il le savait, il était conscient que c'était au dessus de mes forces de prendre un fusil et tirer. Nous avions déjà eu une conversation à ce sujet, mais il jouait le sourd et l'ignorant, comme toujours. C'était devenu une habitude pour lui de feindre l'ignorance et lorsqu'on lui faisait la remarque, il s'énervait encore.

Mais je l'accompagna quand même, je n'en avais pas le choix de toute façon.
La journée entière, mon esprit fut occupé par lui , par cet homme aperçu la nuit dernière. Je me posa une multitudes de question. Que faisait-il dehors ? Qui était-il ?

Je n'avait pas aperçu son visage, du moins...que de loin et je fut déçu. Il était trop loin lorsqu'il relevait la tête vers la lune, je ne le voyais pas bien. Et je fut encore plus curieux de savoir à quoi cet inconnu pouvait ressembler. Ma vie monotone prenait un tournant qui m'intéressait enfin !

Cette nuit là, je ne dormit pas. J'avais laissé ma fenêtre grande ouverte et j'attendais. J'attendais qu'il vienne, que ses pas résonnent dans la rue vide. La lune était haute dans le ciel, quelques nuages passaient devant elles de temps à autre mais elle brillait, elle brillait toujours. L'attente fut longue, mes yeux finirent par me brûler et mes paupières me semblèrent plus lourde que jamais.
J'avais les yeux rivés sur le ciel que j'apercevais depuis mon lit et je pria silencieusement.

Âme VagabondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant