LA FEMME D OR

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Il est maintenant minuit passé, je suis dans mon lit bleu bordé d'un drap fin, mais qui me réchauffe. Ma famille, elle qui dort pas loin de ma chambre, dort paisiblement, père et mère sont dans un sommeil profond. Moi serrant mon nounours blanc avec quelques rayures légèrement orangées. Le noir de ma chambre étouffe la peine que je ressens au fond de moi, seule comme toujours, le noir cache mes quelques larmes qui coulent le long de mes joues légèrement rosées. Des souvenirs, ô de grands souvenirs passent à travers ma mémoire frêle et enfantine. L'heure passe sans que je ne puisse fermer l'œil. Après un moment je m' assoupis un court moment alors que le soleil vient illuminer ma chambre, mes tapisseries noirâtres et des teintes rouges. Je sentis alors des caresses venant me réveiller lentement. C'était ma mère qui me souriait sûrement, la seule qui apporte de la lumière dans ma vie. Je me redresse au bord du lit faisant mon plus beau faux sourire, auquel elle crut évidemment. Elle me prit doucement dans ses bras tout chauds et me porta alors jusqu'au salon. Dans les escaliers qui grincent à chaque pas qu'elle faisait, le parquet grinçait. Alors que le silence devenait de plus en plus en plus pesant, je conversait avec ma maman de tout et de rien. Je lui mentis sur la nuit passée, je dis que j'eus passé un merveilleux sommeil. Arrivée au salon, toujours portée comme un nourrisson dans les bras de ma mère, je salus alors d'un geste mon père. Comme à son habitude il me répondit brièvement. Je fus alors assise sur ma chaise assez haute et me fit livrer mon déjeuner. Ma tendre mère pris soin de me tartiner les morceaux de pain délicatement coupés en deux et grillés. Je pris comme à mon habitude un régal à les tremper dans mon chocolat chaud bien épais. Après le déjeuner, je me fis à nouveau porter pour me préparer à aller au collège. J'étais alors en quatrième. Alors je cachais mes larmes et mes cernes avec des produits cosmétiques. Une fois terminé, je me lavai les dents. Je fus portée dans la voiture et ma mère me conduisit au collège pour ma rentrée pour laquelle, je me suis ce jour-là, habillée de noir. Je fus alors angoissée de venir dans ce nouvel établissement et devoir être interne. Puis ma mère, pendant que je restai pensive, m'ouvrit la porte et me porta alors à nouveau comme une enfant. Les autres me regardaient avec mépris. Elle me posa alors sur mon fauteuil et m'embrassa le front. Après deux trois politesses, je me mis à faire rouler mon fauteuil en direction de l'école. Je passais pour la petite devant les gens qui se tenaient fièrement debouts, me regardant de haut. C'est alors que je me sentie petite, incapable de les regarder, trop concentrée à rouler. Puis un homme grand avec assurance me demanda presque innocemment :

Pourquoi tu n'as pas de jambes ?

Moi je n'osais pas le regarder. Partout où je passe on me regarde, on me juge, je suis comme un extraterrestre plongé là dans un monde inconnu. Alors je répondis avec une voix frêle et le plus gentiment possible, bien que la timidité put se faire sentir :

Déjà, je me nomme Minerva, et toi? Et sinon je ne veux pas en parler, ça reste quelques chose d'intime.

Alors l'enfant ne répondit pas et retourna voir ses amis, je pus entendre d'où j'étais une phrase d'un inconnu :

Donc cette fille n'a pas de jambes ? Elle avait l'air charmante, mais une personne handicapée reste inutile sans jambes, elle ne peut rien faire, la mère doit avoir honte.

Je tournai la tête et je passai mon chemin, vexée, mais habituée. Je m'arrêtai alors dans un coin assez sombre où je restai seule, me faisant petite et faisant la tête. De toute façon, j'ai toujours et souvent été moquée. Le harcèlement m'a poussée à changer d'école. A croire que je suis vraiment inutile et infirme, les autres ont sûrement raison, je suis une anomalie. La sonnerie vient alors retentir comme un bruit sourd, lourd et long, voire insupportable. Celle-ci annonce la suite de ma vie, celle où je vais devoir supporter d'autres gens. Je décidai donc de commencer à rouler en direction du hall d'entrée. Le vent soufflait sur mes cheveux clairs qui blondissent légèrement. C'est comme une caresse qui me poussa alors vers l'avant avec un petite et légère montée de confiance en moi.

la femme d or Où les histoires vivent. Découvrez maintenant