La Morsure du Froid

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Note de l'auteure :

Il s'agit d'un texte sur The Umbrella Academy, je mets ça là comme ça, peut-être qu'un jour je le supprimerais, peut-être que je le retravaillerais, peut-être que j'en ferais quelque chose... en tout cas voilà, au cas où ça intéresse un jour quelqu'un ! (et au cas où il me prenne l'envie de le relire plus facilement que sur mon ordi...)

 	Le vent froid était presque totalement tombé

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Le vent froid était presque totalement tombé. Le ciel était sombre et se confondait avec la mer, et il fallait presque se pencher par-dessus la rambarde pour apercevoir le sillon que sculptait le paquebot dans les flots et s'assurer que l'immense embarcation n'était pas immobile. Sans les musiques qui s'élevaient des ponts occupés par les différentes classes, il serait aisé de se laisser porter entièrement par le ronronnement résonnant depuis la salle des machines.

Sur le pont supérieur, une femme était accoudée sur la rambarde de métal peint en blanc. Ses courts cheveux d'un brun acajou étaient dissimulés par un chapeau typique du début du vingtième siècle, et ses yeux verts se baladaient librement sur l'horizon. La Lune ne brillait pas en cette nuit du quatorze avril mille neuf cent douze, et malgré le froid, la brune appuyée contre la rambarde ne bougeait pas. Elle ne se lassait pas du spectacle qui s'offrait à ses yeux, et un doux sourire embellissait son visage. Elle aimait se trouver ici, elle aimait ressentir les vibrations des machines, elle aimait la morsure du froid, la vue dégagée dont seuls des yeux accommodés à l'obscurité pouvaient pleinement profiter. Elle aimait cette mission, oui, c'était certain. La Commission l'avait habituée à bien pire, à bien plus dangereux, à bien plus risqué, pour sa vie comme pour le continuum espace-temps.

Finalement, la brune approcha son poignet gauche de son visage, et elle fixa le cadran de sa montre, précédemment enfouie sous plusieurs couches de vêtements. Il était temps qu'elle s'y mette. La femme repoussa doucement la rambarde pour se redresser, et avant de se mettre en mouvement vers le nid-de-pie, elle se fit la réflexion que le paquebot de classe Olympic ressemblait à un caillou qu'on aurait laissé glisser sur une immense flaque gelée, tant la mer était immobile et la trajectoire du navire régulière.

Parvenue non loin de son objectif, la femme aux yeux verts regarda lentement autour d'elle pour s'assurer que personne d'autre ne se trouvait dans les parages. Satisfaite, elle retira une couche de vêtements, qu'elle dissimula vaguement dans un recoin. Elle se débarrassa également de son chapeau, et elle ressemblait maintenant à un veilleur attendant son tour pour surveiller la mer. L'épaisseur de la nuit et l'équipement pour résister au froid masqueraient parfaitement la féminité de ses traits, et la femme aux cheveux acajou, en apercevant son reflet dans une vitre, se rendit compte qu'elle ne faisait pas du tout quarante-cinq ans avec si peu de luminosité.

Elle s'approcha un peu plus du mât avant, et elle attendit encore un peu, dans l'ombre. Elle vit un enfant courir sur le pont, poursuivi par sa mère qui tentait de le convaincre de retourner se coucher. La femme déguisée en membre d'équipage aurait pu, à ce moment, être peinée en songeant que l'acte qu'elle s'apprêtait à exécuter condamnerait peut-être cet enfant à mourir de froid, à se noyer, à perdre un parent, mais les yeux verts de la brune se posèrent à peine sur le visage souriant de ce petit. En temps normal, il était déjà rare qu'elle éprouve ce genre de peine, mais aujourd'hui c'était encore différent : cette catastrophe allait donner lieu à une évolution importante des lois de sécurité maritime, ce qui sauverait de nombreuses vies par la suite, et puis il n'était même pas certain que l'échec de la mission permettrait au Titanic de rester à flots plus que les quatre jours écoulés depuis le départ de Southampton.

Les Pensées EndormiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant