J'étais ce livre, celui qu'on oublie, qu'on lit une fois et qu'on referme, le douzième du rayon 28, le plus haut, le plus loin, le moins lu. Ça ne m'a jamais vraiment dérangé d'être relégué au dernier rang, jamais jusqu'à hier, quand je t'ai vue et que je me suis dis que c'était par toi et toi seule que je voulais être lu. Tu étais là, tu feuilletais Orgueil et Préjugés, le troisième du rayon cinq et ton sourire était si beau que mes pages frémissent encore.
J'aurais eu envie de te crier « Oh Eh ! Je suis là, tu me vois ? » mais rien, je n'ai pu rien dire ni même rien faire, j'étais pétrifié par ton doux visage et alors j'ai juste attendu, attendu que tu me remarques, que tu me choisisse. J'ai cru que jamais tu ne le ferais et puis tu as levé la tête, et tu m'as vu, ou du moins tu m'as regardé. J'ai tout de suite su que tu hésitais à me choisir, à venir me chercher car tu ne me regardais pas comme Mathilde, pas avec ce regard qui signifie « je vais te dévorer pour réussir à lire mon 100 eme livre de l'année » non, avec ton regard, celui qui signifie « je vais caresser tes pages, m'attarder sur chacun de tes mots et profiter des émotions que ton histoire m'accorde ».
Et puis tu m'as saisi, tu as observé ma couverture, comme si tu essayais de déchiffrer chaque couleur qu'on y trouvait et je me suis senti rougir, tu me diras que je ne peux pas rougir et tu as certainement raison mais le sentiment que je ressentais était le même, toute l'encre que je contenais s'étais mise à chauffer, j'avais l'impression que chaque mouvement de tes doigts sur mes pages me redonnait la vie.À ce moment-là, tout ce que je souhaitais c'était que tu fasses comme toutes les autres, que tu rapproches ton visage de mes pages et que tu humes l'odeur de mon papier, que tu te redresses et que tu me lises avec autant d'émotion que tu le pouvais. Mais je ne voulais pas que tu t'empresses de me finir pour aller me mettre une note sur Good Reads, non, je voulais que tu m'emportes partout avec toi, que tu me relises dès que l'occasion se présenterai. Tu n'as rien fais de tout ça, tu m'as à peine ouvert parce qu'il est arrivé, Josh est arrivé.
VOUS LISEZ
L'amour des mots
RomanceEt si cette fois si ce n'était pas vous qui tombiez amoureuse de cette œuvre ? Si c'était ce livre qui commençait à vous aimer petit à petit ? « Oui, chère lectrice, je t'aime depuis toujours...»