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J'ai promit à mon père de me battre, de tout faire pour réussir. Je me suis promit à moi même de ne jamais abandonner, même quand je me noie dans la tristesse et que des torrents de larme inondent mes joues. Les personnes proches du trépas nous disent toujours que quoi qu'il arrive, après leurs morts, nous ne devons pas baisser les bras, il faut comprendre que dans ce cas de figure bien précis "baisser les bras" veut clairement dire en finir. Cela me paraissait tellement stupide, reconnaître que la vie est difficile depuis leurs disparitions et prendre des mesures égales à la perte que nous avons subi n'était pas une fin en soit ; car ne l'oublions pas un paradis éternel nous est promis après la rencontre avec la faucheuse. Maintenant en y repensant, avec tout le recule que j'ai sur la situation, cette décision me paraît incroyablement égoïste. C'est justement à cause de ça que je me retrouve dans une énième fête de fraternité à m'enivrer pour ne pas couler. J'ai dit que je ne mettrai pas un terme à ma vie plus que banale, pas que ne pouvais user de quelques subterfuges comme gilet de sauvetage.
Je sentis des bras m'enlacer, les vapeurs d'alcool et les stroboscopes me faisait tourner la tête.                                 -Chérie, tout va bien ? sa voix perça mes tympans. Meryl avait ses mains posées sur mes hanche, à l'aide d'une légère pression elle m'extirpa de mes funestes pensées sur mon pseudo non suicide.
-Eh, tu sais ou se trouve le whisky ? J'ai besoin d'un remontant !
D'un signe de tête elle m'indiqua la cuisine et après un dernier balancement de bassin je me dirigeai vers l'attroupement qui était autour de la table. En jouant des coudes je réussi à prendre une bouteille de Jack, fit sauter le bouchon et avala trois grosses lampées. Le doux goût de la réglisse ruissela dans ma gorge, sa chaleur l'irradia , brula mon estomac. C'était réconfortant, incroyablement réconfortant. Une terrible migraine battait mes tempes et je trébuchai sur des personnes qui étaient étalées par terre. Dégoûtant, Dieu seul sait ce qui a traîné ici !

Bouffées de chaleur, tête qui tourne, la salle de bain. Je tournai la poignée, rentra puis referma la porte. La musique s'arrêta. Enfin le silence. Je tournai le robinet et l'eau gelé coula entre mes doigts. Sa fraîcheur s'abattît contre mon visage quand je m'en aspergea. Je relevai la tete, mon maquillage n'avait pas coulé, mes cheveux avaient gardé leur volume et malgré mes yeux rouges explosés j'étais plutôt jolie. Je devais reprendre mon souffle, pleurer un bon coup et revenir auprès de Méryl et faire comme si tout allait bien. Le problème c'est que tout va bien, je n'ai pas de quoi me plaindre mais je le fais sans cesse. Cette blessure s'est normalement refermé depuis maintenant neuf ans. Neuf longues années. Ça putain c'est frustrant et aussi le fait de se sentir coupable et que ma tristesse n'est pas légitime. Mais bon ça a toujours été comme ça et ça sera toujours comme ça. Encore une fois, quelque chose ou plutôt quelqu'un fit éclater la bulle dans laquelle j'étais.
Des coups tambourinèrent à la porte de la salle de bain. Une voix grave meugla.
-Bordel ouvres cette porte ! Je n'avais jamais entendu cette voix auparavant, elle était singulière et rocailleuse. Je ne m'étais meme pas rendue compte que j'avais tiré le verrou, je suis bien plus bourré que je ne l'imaginais. Je me retournai et ouvris cette fichue porte. Il était grand, les cheveux complètement rasés et un visage plus qu'agréable. Ses yeux ressemblaient à des billes noires, un noir profond et un regard intense, rempli d'un je ne sais quoi qui m'intrigua. Je ne pouvais pas me permettre de le contempler une seconde de plus, j'étais ivre, incapable de tenir une conversation et je doutais meme qu'il veuille me parler. J'étais d'ordinaire confiante, des fois meme à frôler l'arrogance mais la avec l'alcool j'étais incapable d'avoir mon assurance habituelle. La pièce tangua, l'homme tangua. Je m'assis près de la douche et vis ses Timberland bordeaux passer devant mes yeux. J'essayais de me redresser, j'en étais incapable. Il ne me jeta pas un seul regard. Le type baissa son jeans et se mit à uriner dans les toilettes. Dès qu'il eu fini il se rhabilla, se lava les main et enfin ses yeux croisèrent les miens. Un sourire goguenard naquit sur ses magnifiques lèvres. Il les entrouvrit, comme pour dire quelque chose mais il les referma immédiatement. Il avait l'air de réfléchir, pendant longtemps, très longtemps. Puis, après tout ces minutes qui me paraissaient des heures (avec tout l'alcool que j'avais ingurgité, je perdit la notion du temps) un son sorti de sa bouche.

More black than you Où les histoires vivent. Découvrez maintenant