Chapitre 1

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Lundi 14 septembre

Eh voilà! J'ai terminé mon examen!

Je dépose ma copie sur le bureau de mon enseignant de mathématiques, puis je retourne à ma place située au deuxième rang. Il reste dix minutes à la période et, malheureusement, notre professeur ne nous laisse jamais partir avant le son de la cloche. Résultat, il me reste six cents secondes à tuer avant que je puisse retrouver ma liberté. Enfin, façon de parler.

Je jette un coup d'œil sur mes camarades de classe. La majorité d'entre eux ont la tête penchée sur leur copie, pitonnant fiévreusement sur leur calculatrice. Toutefois, je remarque que Sarah (la grande blonde assise juste à côté de la fenêtre) semble avoir terminé elle aussi. Elle lance un regard morne sur la forêt qui entoure le collège privé mixte Saint-François-Xavier. Avec moi, Sarah fait partie des meilleures élèves de troisième secondaire. Non loin d'elle, Émilie Morin rentre dans la majorité des stressés. Son crayon vole carrément sur son examen. Je ne suis pas surprise, Émilie a toujours été anxieuse. Depuis que nous sommes au primaire qu'elle ne pense qu'à son bulletin scolaire. Pourtant, je lui dis sans cesse de se relaxer...

Ah, avec tout ça, j'oubliais de me présenter! Je m'appelle Aline Allarie, j'ai treize ans et toutes mes dents. J'aime les mathématiques, la musique, la lecture et la natation (pas dans cet ordre-là!). Physiquement, je suis petite, avec des cheveux noirs qui m'arrivent jusqu'aux fesses. C'est d'ailleurs la première chose que l'on remarque chez moi : mes cheveux. Ils sont longs et brillants, dixit Sarah, la fille que je considère le plus comme une amie.

Car non, je n'ai pas de meilleure amie. Je ne pense même pas avoir d'amies tout court. Disons que je suis pas mal timide et solitaire. Camille, la fille la plus populaire de ma classe, me traite de mutante. Celle-là, je la déteste. La voilà justement qui me lance un regard rageur... Sûrement parce que moi, j'ai révisé, et pas elle. MADAME est bien trop occupée à se maquiller et à penser à ses vêtements pour prendre la peine d'ouvrir un manuel scolaire. Grrr!

Driiiing!

Sauvée par la cloche! Je ramasse mes affaires et file dans le couloir. Je n'ai pas fait trois pas qu'une main se pose sur mon épaule.

— Tu t'en vas où, Raiponce?

Cette voix... Je ne la connais que trop bien! Thomas Bergeron, la terreur de la classe 3B. Grand, musclé (je rougis juste à penser à ça), avec des cheveux et des yeux brun foncé, il est, selon les filles, le plus beau garçon des troisièmes secondaires. Il parle fort, il rit fort et il dit toujours ce qu'il pense. Les filles l'adorent. Moi, il me tombe sur le système. Surtout qu'il s'amuse à mes dépens depuis le début de l'année scolaire.

— Salut, Thomas. Comment ça va?

— Ça va super. Tu t'en vas où?

Je le regarde, interloquée.

— Bah, c'est la fin de la journée, je retourne chez moi.

— Les robots ont une maison? C'est incroyable!

Je lève les yeux au ciel. Voilà une autre insulte que l'on m'adresse : robot. Tout ça parce que j'ai de bonnes notes et parce que j'agis avec calme et de manière posée. Du moins, la plupart du temps.

— Oui, j'ai une maison. Enfin, un condo. Mon père a un condo.

— Génial. Comment as-tu trouvé l'exam de maths?

Pourquoi tient-il absolument à me faire la conversation? Où veut-il en venir?

— Assez facile. J'avais bien révisé.

Il pouffe de rire.

— Je n'en doute pas. Tu dois avoir le quotient intellectuel d'Einstein.

Est-ce une insulte déguisée? Veut-il dire par là que je suis plate? Arg! C'est ce que je déteste avec les garçons : chacune de leur parole semble avoir un sous-entendu.

— Je ne pense pas être aussi intelligente que ça. Bon, tu m'excuseras, mais je dois aller chercher mon manteau dans mon casier et filer au plus vite. J'ai un cours de natation ce soir.

Il ouvre la bouche pour dire autre chose, mais je lui tourne rapidement le dos et me dirige vers ma case, située au deuxième étage de la bâtisse. Le temps de prendre mes affaires et de sortir dehors, je suis en retard sur mon planning. J'aime arriver avant papa; ainsi, je peux l'aider à faire les repas. Comme je l'ai mentionné plus tôt, j'habite dans un condo avec mon ingénieur mécanique de père. J'aurais aimé vous parler de ma mère, mais je ne l'ai pratiquement jamais connue. En effet, elle est morte d'un cancer du sein lorsque j'avais six ans. Un cancer malin qui s'est métastasé dans tout son corps. Papa refuse de me parler d'elle, ce qui fait que je sais très peu de choses à son sujet. Il ne fait pas exprès, il a encore beaucoup de peine huit ans plus tard.

Le voeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant