Prologue

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Encore une journée de travail au Sunrise café.
Ce n'était que la fin des vacances estivales et le bar était toujours aussi bondé. J'étais à l'aise, le café commençait à se vider à cause de l'horaire tardif, je n'étais pas seule, ma collègue Amel était au comptoir.
C'était plutôt rare que je m'entende avec une collègue de travail mais c'était le cas avec Amel, cette belle femme était dynamique et sûre d'elle.
Ma patronne m'assistait dans la prise des commandes également, Marianne tenait ce café depuis qu'elle avait vingt ans et celle-ci m'avait embauché il y a un an.
On pouvait presque dire qu'elle et moi avions une relation maternelle.
Cette femme qui avait connue que sa Bretagne natale était d'une joie et d'une douceur très communicative.

"Héra, tu voudrais pas prendre la commande du client qui vient d'arriver à la table 12 s'il te plaît ?" C'était ma patronne qui me demandait ça, le ton de sa demande était doux mais ferme.
Je savais que ce n'était pas une question mais un ordre.
"D'accord j'arrive tout de suite !"
Je m'empara de mon bloc note et m'empressa de me rendre à la table en question.
Je vis un homme, seul et encapuchonné dans un sweat noir un peu trop grand pour lui.
J'arrivais brièvement à apercevoir des mèches châtains ainsi que la moitié de son visage, une peau pâle et une barbe mal rasé.
"Bonjour, bienvenue au Sunrise Café ! Qu'est-ce que je vous sers ?" dis je tout en dévoilant mon plus beau sourire.
Il marqua un temps avant de relever sa capuche et de me répondre tout en me fixant.
Son regard me fit l'effet d'une piqûre d'une meduse, une sensation digne d'une rapide paralysie.
J'étais restée quelques secondes de trop à le fixer bêtement sans rien dire.
Mon cerveau m'envoyait des signaux pour que je bouge mais mon corps était en décalage.
"B-bonjour, je vais juste vous prendre un café court noir sans sucre ni lait." Dit-il rapidement avec un bref balbutiement.
L'homme releva la tête et j'aperçus l'entièreté de son visage, des mèches rebelles et des yeux bruns enjoués, il avait un certain charme, je l'accorde.
"D'accord, je vous laisse patienter, nous arriverons bientôt vous servir."
Je lui lança un dernier sourire cordial avant de repartir vers le comptoir et lui servir sa commande.
Je repartis d'une démarche mécanique vers le comptoir.
En tout cas la tête de mon client m'était pas totalement inconnue mais impossible de savoir où je l'avais vue.
En tout cas il me laissait pas indifférente.
"Ma pauvre Héra, si tu devais t'arrêter sur l'identité de toutes les personnes que tu as servie ici tu ne t'en sortirais plus.." pensais je avec un sourire légèrement amusé.

Je sentais le regard beaucoup trop curieux de ma collègue se posait sur moi.
"C'est quoi ce sourire que tu me fais toi ?" Me demanda t'elle avec un sourire en coin.
Les grands yeux noirs de mon amie me sondait jusqu'au moindres détails.
"Oh c'est rien..." dis je absente et occupée par le fonctionnement de la cafetière.
Mon sourire n'avait pas bougé, bon sang, mentir me va mal.
"Tss joue pas à ça avec moi, serait-ce le brun avec des airs de Tarzan qui te fait cet effet ?"
Je me mis à exploser de rire suite à la comparaison d'Amel, un rire si sonore que le principal intéressé se mit à me regarder d'un air étrange.
Mon amie n'était pas en reste non plus, son rire était semblable à un tremblement de terre, je ne rigolais plus à cause de sa connerie mais à cause de son rire en lui-même.
J'aurais pu prendre ça pour une chance qu'il y ait peu de client mais le fait que ce consommateur était ce gars, qui me fixait, je pouvais sentir un certains malaise.
J'espère vraiment qu'il ne grillera pas qu'on rigole à cause de lui, indirectement, pour ma défense.
Je repris mes esprits et regarda les alentours, histoire de voir si la patronne nous a vue.
Rien à signaler, si elle nous aurait aperçu, elle nous aurait fait notre fête.
Je suis même étonnée qu'elle nous ait pas entendus.
"Pas du tout ! Toi je te jure... J'ai bien le droit de penser à quelques choses de marrant, manque de bol ça tombe après avoir pris la commande de ce garçon.."
Il fallait définitivement que j'arrête de mentir.
Mon amie me dévisagea puis fit un tchip avant d'affirmer :
"J'ai la nette impression que tu me prend pour une imbécile... C'est quand même étrange que tu reste figée comme une statue dès qu'il a posé ses yeux sur toi.
Donc arrête moi ces foutaises et vient le voir après tes horaires de taff, ça tombe bien on va bientôt fermer !"
"Attend, déjà d'où tu m'observe pendant que je taffe, t'as pas des clients au comptoir ? J'ai l'impression que ma vie privée t'intéresse beaucoup plus que ton job...
Et puis ce regard voulait strictement rien dire !" retorquais je avec un sourire malicieux.
"Rooh excuse moi chérie mais il y avait plus trop de clients au comptoir, faut bien que je m'occupe."
"Dans ce cas là demande à Marianne si elle a pas des tâches à te refourguer...
Elle se fera un plaisir de répondre à tes  demandes. "
"Dans tes rêves, je préfère te regarder galérer avec ce mec plutôt qu'astiquer des tasses toutes la soirée.
Si tu veut je peux aller le voir ton beau mâle, je suis sûr qu'il rêverait d'avoir ton 06."
"Dans tes rêves Amel..."
"Rooh je fais ça pour toi Hérounette, t'es celib depuis trop longtemps et en tant que cupidonne je veut remédier à ça.
Au pire fais comme moi, ça peut-être une amitié améliorée. "
"C'est gentil mais je pense que je peut m'en sortir sans toi Amelita" j'accentuais son surnom pour l'embêter, après tout elle aussi inventait des sobriquet ridicules, c'était de bonne guerre.
"J'ai des doutes chérie. " dit elle en levant les yeux au ciel.
Une fois le café prêt, je me dirigea en direction de mon client, malgré moi j'avais tout de même une légère boule au ventre.
"Voici votre café, profitez bien."
"Merci." Me répondit il avec un bref sourire.
Ce n'était qu'un seul mot mais sa voix rauque me donnait envie de l'entendre parler pendant des heures.
Et puis son sourire, il avait le pouvoir de vous réchauffer.
Ses cheveux longs lui donnait un charme fou.
Ressaisis toi Héra, tu n'es plus une adolescente qui a son premier béguin, tu es une jeune femme indépendante financièrement.
Je vis un groupe de jeunes assez éméchés s'installer en terrasse, mon premier réflexe fut de les accueillir et prendre leurs commandes.
De retour au comptoir, je subissais le regard insistant de mon amie, elle était exaspérante quand elle le voulait...

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