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     La journée commence mal, comme chaque jour depuis maintenant un an, jour pour jour. Ce jour dont je me rappellerai toute ma vie, que je n'oublierai jamais. 

     Je me souviens de tout, de chaque mot, des regards que nous avons échangés, de son odeur si particulière, de la douceur de sa peau contre la mienne, du goût sucré de ses lèvres. 

     Toutes ces choses qui me procuraient un bonheur si intense, qui me faisaient sourire. 

     Les souvenirs me reviennent, peu à peu, et une larme perle au coin de mon œil. Cette larme salée descend doucement sur ma joue, reflétant mes émotions. 

     Je l'imagine encore me caresser les cheveux avec délicatesse de ce geste si particulier qui n'appartenait qu'à nous.

     J'aimerais qu'il soit près de moi et qu'il m'embrasse à nouveau, je veux qu'il me rassure, qu'il me chuchote des mots doux à l'oreille.

     Il y a un an, j'aurais tout donné pour passer le restant de mes jours avec lui, pourtant maintenant je voudrais simplement croiser son regard si profond dans lequel je me plongeais pour tout oublier. 

     Ce matin encore, je me suis réveillée en sursaut après avoir fait cet éternel cauchemar. Je n'arrivais presque plus à respirer tant ma poitrine m'oppressait, mon souffle était saccadé, irrégulier. Je ne parvenais pas à me calmer, puis j'ai avalé ce médicament, qui, après dix minutes a enfin fait effet sur moi. 

     C'en est devenu une sorte de drogue, j'y suis dépendante comme j'étais, à l'époque, dépendante à lui.

     Je sors de mon lit, pourtant si bien installée sous ma couette qui me réchauffait, je pose un pied sur le sol froid puis marche difficilement jusqu'à ma salle de bain. Je frissonne mais je n’y fais pas attention. Les effets de mon stress journalier se font ressentir sur mon corps, qui est plus faible que jamais. Je dors peu, et cela, chaque nuit, de chaque semaine, depuis maintenant un an.

     En passant devant mon miroir, je m'observe. Je vois un regard vide en face de moi, je n'aperçois que tristesse et désespoir, je ne trouve plus cette étincelle de vie que l'on pouvait voir auparavant. Mes yeux sont devenus noir, ternes, ils étaient si beaux, si pétillants et d'un bleu si clair. J’ai toujours pensé que les yeux reflétaient les émotions que l’on pouvait ressentir et je peux le voir par moi-même aujourd’hui.

     L'eau brûlante de ma douche coule sur ma peau qui frissonne à nouveau au contact de celle-ci. Cela me procure un bien fou. Je prends mon temps et ainsi, je reprends un peu d'énergie, juste assez pour ma journée au lycée.

     Ma maison est vide, mes parents sont partis bien plus tôt dans la matinée. 

     Ils ont toujours été très aimants pendant mon enfance, cependant, depuis quelques années leur travail leur prend bien plus de temps. Je ne peux pas leur en vouloir, j’ai eu une enfance dont rêvent des milliers de petites filles. Le problème c’est qu’ils sont si préoccupés par leur job qu’ils ne voient pas que, depuis un an, je ne suis plus la même.  

     Le silence est pesant, je ne peux pas le supporter plus longtemps. Je pars donc, bien que peu décidée, à pied, pour rejoindre l’arrêt de bus le plus proche.

     Je n’ai pas faim, comme chaque matin mais j’ai l’habitude de m’acheter un café dans un des distributeurs de mon bahut. 

     Pendant le trajet je ferme les yeux. Je retiens presque mon souffle. Je me cramponne à mon siège. Tous mes sens sont en éveil. Je tente de me détendre en pensant à autre chose mais ce matin la musique que j’écoute ne suffit pas. Aujourd’hui n’est pas un jour comme un autre.

je t'attendraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant