Sam

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- Kat ! Katérina !

Quelqu'un crie mon nom. Je me retourne mais les gens courent autour de moi. Tous crient, partent dans tous les sens. On me bouscule, je trébuche et piétine, me rapprochant du bord du bateau ou du yacht, je ne sais pas. C'est flou. Tout autour de moi est flou. Les cris me paraissent venir de loin, une voix appelle toujours mon nom mais bientôt je ne l'entends plus. Ma tête tourne, je trébuche encore. Tous ces cris. Les gens se poussent encore et encore, ils me poussent moi aussi, une fois de plus. Puis quelque chose de mouillé me fait regarder mes pieds : de l'eau. Elle monte jusqu'à mes chevilles. Je fronce les sourcils, cette sensation est bizarre : je sens le liquide mais ce n'est pas une sensation normale. Ce n'est pas agréable. En quelques secondes, je me retrouve complètement submergée. Je panique, je me débats. J'ai l'impression que l'on me tire vers le fond. Puis je reviens à la surface et je replonge sans pouvoir reprendre mon souffle. Je me noie, petit à petit. Je vais mourir, je le sais et pourtant... alors que je pense que la fin est proche, une main solide m'agrippe le bras et ma tête sort de l'océan. Je prends immédiatement une grande inspiration, me sentant vivre à nouveau. Mes épaules, mon ventre et enfin tout mon corps sortent de l'eau. Je lève la tête, voulant découvrir mon sauveur mais lorsque j'ouvre les paupières, je ne vois qu'une ombre floue. Une violente toux me prend soudainement à la gorge et je m'étouffe à nouveau.

Je me réveille en toussant fortement. Je plaque l'une de mes mains devant ma bouche et l'autre sur mon cœur. Respirer me paraît être une épreuve insurmontable tant j'ai la gorge sèche. Puis ma toux soudaine se calme. Je reprends peu à peu de l'air et respire avidement.

Qu'est ce que c'était que ce rêve étrange ? A-t-il un lien avec mon arrivée sur cette île ? Ma mémoire revient-elle ?

Lorsque je porte mon attention sur ce qui m'entoure, j'ai d'abord un sursaut de peur face à la jungle luxuriante face à moi. Les arbres me paraissent moins effrayants que durant la nuit car les ombres ont disparu mais j'avais oublié à quel point ils étaient hauts. Je me relève difficilement et après avoir étiré mes muscles engourdis, je commence à marcher. Mon ventre gargouille, il faut que je trouve à manger. Et de l'eau. Mais ma faim semble plus importante et je m'arrête quand un oiseau se pose devant moi. Il se met à picorer les petits fruits rouges de l'arbuste sur lequel il s'est installé. S'il les mange c'est que ces baies doivent être comestibles ! Je m'avance sans me soucier de l'oiseau qui s'envole par crainte de moi. Je cueille un premier fruit et l'observe. Il ne dégage aucune odeur et le rouge chatouillant ne me dit rien qui vaille mais cet oiseau en a mangé après tout... Je porte finalement la baie à ma bouche. Lorsque je croque, le goût fade du fruit se répand immédiatement sur ma langue mais une fois avalé, un arrière-goût légèrement sucré reste sur la langue. Ce n'est pas très bon mais la faim me pousse à en avaler d'autres alors c'est ce que je fais.

Une fois mon appétit rassasié, c'est un nouveau besoin qui se fait sentir. Gênée, je me cache derrière une plante grasse massive. Mais la gêne disparaît, vite remplacée par la peur qu'un insecte me saute dessus. Je regarde donc partout autour de moi pendant que je me soulage. Bon, à présent je dois trouver de l'eau. Il faut que je retrouve la cascade avant de mourir assoiffée... Je reprends mon chemins en regardant le ciel à travers les branches. Il est bleu azur, magnifique et traversé par quelques nuages blancs avançant tranquillement. Il n'y a pas de mouettes au-dessus de la jungle, seulement des petits oiseaux de l'île qui virevoltent au-dessus de moi, passant d'un arbre à un autre. Soudain, je trébuche sur une racine que je n'ai pas vu et alors que je veux me rattraper, le sol cède sous mon poids et je tombe en poussant un cri aigu.

Ma tête me fait affreusement mal, je gémis et lève les yeux. Je suis au fond d'un trou. Mais comment ai-je fait pour être tombée là-dedans ?

- T'es vraiment pas douée Kat, me dis-je.

Je regarde autour de moi, les parois sont tellement étroites que je peux à peine me tourner. Il y a un fond d'eau qui, mélangée à la terre, créée de la boue et mes baskets sont complètement fichues maintenant. Je relève la tête et commence à hurler à l'aide. On ne sait jamais, peut-être que le jeune homme brun qui m'a trouvée hier passera par là dans quelques instants. C'est beau de rêver Kat... J'abandonne finalement mon idée de crier et essaye de monter en agrippant la paroi mais je glisse et mes mains s'égratignent. Je saigne un peu au niveau des paumes et trois de mes ongles ce sont cassés. Je grimace mais je n'abandonne pas. Je tombe à nouveau et malgré tout je décide de persévérer. Il faut que je sorte ! Après de nombreux essaies infructueux, je commence à paniquer. Je manque d'air. Je me laisse glisser au sol, m'asseyant dans la boue et salissant mon short sans pour autant m'en soucier. La peur de rester ici, de ne pas pouvoir sortir de ce trou, de ne pas rentrer chez moi, l'incompréhension et mon incompétence à me rappeler comment j'en suis arrivée là, toute cette pression accumulée depuis la veille pèse trop lourd sur mon cœur. Alors j'éclate en sanglots. Je replie mes jambes contre ma poitrine et enroule mes bras autour en posant ma tête sur mes genoux. Je pleure, je pleure encore et encore. Tout comme hier soir, je craque mais je me promets que les prochains jours, si je survis suffisamment longtemps pour qu'il y ait des jours prochains, je ne pleurais plus. Les prochaines larmes qui couleront seront des larmes de joie. Et je finis par m'endormir en grelottant sur cette promesse que je ne suis même pas sûre de réussir à tenir.

Je sors peu à peu de mon sommeil. Une douce chaleur m'envahit, je rabats la couverture sur mes bras nus. C'est si doux, si bon. Ce confort m'a terriblement manquée. J'ouvre subitement les yeux en me rendant compte que je ne suis pas censée être confortablement emmitouflée dans une couverture. Je me redresse et inspecte l'endroit. Où suis-je encore ?! Je ne suis plus dans le trou de boue mais dans une petite pièce. Il y a trois murs faits de planches de bois et en face de moi un grand rideau faisant sûrement office de porte. Je suis sur un lit surélevé par des planches et collé au mur à ma gauche. À ma droite se trouve un petit meuble de bois avec une cruche et un gros bol en terre cuite. Au pied du lit est positionnée une énorme malle, elle aussi faite en bois. Je m'assoie sur le bord du lit en repoussant la couverture brune. Il fait bon ici et je baisse le regard sur mon corps. J'écarquille les yeux de surprise en voyant que je ne porte plus ni mon short ni mon haut. C'est seulement un grand tee-shirt bleu marine sans manches m'arrivant à mi-cuisses qui me recouvre. Un bruit me fait sursauter et je redresse la tête. Un grand garçon aux cheveux châtains entre dans la pièce. En me voyant, il me sourit et d'une voix joviale il lance :

- Ah, tu es enfin réveillée ! Salut à toi, je suis Sam.


Et voilà ! Je fais ce chapitre un peu plus long que les autres et je pense que se sera pareil pour les suivants. Alors ce chapitre ? Vous l'avez aimé ?
Je vous remercie car si vous lisez cette petite note, c'est que vous suivez mon histoire et j'en suis très heureuse ! Voilà, bisous à vous !

NaufragésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant