ATTENTION ! Ne lisez cet OS que si vous êtes à jour dans les scans SNK, sinon, vous risquez de vous faire spoiler ! (Si vous avez lu jusqu'au chapitre 130, c'est bon !)
Bonne lecture <3
~*~
Ce monde n'a pas de sens.
Pas de début. Pas de fin.
Il n'est qu'un serpent tournant sur lui même et avalant sa propre queue. La vie et la mort s'y mêlent dans un balai incessant, macabre et magnifique, si splendidement horrible et cruel.
Ce monde, comme le serpent, se dévore: la destruction continuelle qui précède chacune de ses rotations en est la base. C'est un cycle éternel qui n'offre aucune issue à ses prisonniers, les avalant avec un sadisme vide de sens dans les affres des enfers humains. Un cycle qu'il faut désormais briser.Qu'il lui faut briser, à lui, cet usurpateur qui ne cesse d'aller de l'avant, en dépit de tout, comme la locomotive d'une machine folle devenue inarrêtable, s'enfonçant dans l'abîme, y traînant le monde avec elle tel un simple chargement maudit.
Briser...oui, c'était bel et bien ce mot là qui parlait à Eren Jäger: pour briser l'horreur il la comettrait lui même. Pour ouvrir la brèche, il accumulerait tout le pouvoir qui lui était nécessaire, tout le pouvoir que lui, à la fois faux messie et Diable humain, ne possédait pas encore. Et si, pour cela, il devait brûler le serpent tout entier, le piétiner sous ses pas colossaux et arracher chacune de ses écailles, et bien soit.Le chasseur, une fois dans la forêt où il doit accomplir sa mission, n'a plus le temps pour la pitié. Bête sauvage il traque. Bête sauvage il devient.
Eren Jäger le sut très tôt, dès le jour où il poignarda deux hommes sans hésitation, à l'âge pourtant immaculé de l'innocence. Le sang avait toujours été là. On naissait et on partait dans le sang. À la différence des autres hommes, lui n'avait simplement jamais cessé de vivre avec. Eren n'avait pas besoin de devenir un animal pour accomplir sa tâche: il l'avait toujours été.Il y avait une chose, cependant, qu'il ne pouvait laisser la marre de sang nourricière d'un monde nouveau engloutir. Telle une biche aux yeux pures devenue le point faible de celui dont le but est d'abattre sans scrupules; elle le fait hésiter, réveille en lui la plus belle part de son humanité, cette part enfouie sous les décombres d'un paradis brisé et sous les relents d'un esprit contaminé par l'horreur infaillible du monde.
Parfois, il regarde le soleil qui se lève au loin et pense au nouvel univers qu'il souhaite construire. Et puis soudain, sans prévenir, ses images mentales se retrouvent bouleversées par le tremblement de son coeur. Devant les rayons lumineux, il se laisse aller à la contemplation imaginaire d'une chevelure d'or pâle, parfois de la couleur du sable fin, parfois dorée comme les blés en plein été.
Le soir, il observe dehors ce monde à l'air empesté par la mort, recroquevillé dans l'obscurité de sa chambre. Il pense à son but, et puis, sans qu'il le souhaite vraiment, il pense encore à elle. Quoi faire ? Si pour construire un nouveau monde il lui fallait piétiner le précédent...que deviendrait-elle ? Il se refusait à la sacrifier comme les autres, à la précipiter ainsi dans l'abîme commune de l'oubli, preuve ultime de son égoïsme effroyablement humain et pourtant si intrinsèquement monstrueux. Car l'Homme et le monstre ne sont pas si différents. L'Homme est son propre monstre. Il est seul créateur de l'horreur terrestre.Et puis un jour, incapable de réconcilier les deux parties de lui qui se livrent bataille, Eren Jäger se lève aux aurores et part sans que personne ne s'en rende compte. Il marche dans les rues vides, ombre discrète aux yeux luisant comme la rosée du matin sur l'herbe fraîche. Une rosée empoisonnée.
Le soleil se lève. C'est l'aube.
L'aube de quelque chose de nouveau, car Eren Jäger le sait: il se dirige vers sa destinée, parfaitement conscient que la discussion qu'il s'apprête à avoir changera sa vie et sa route à jamais.
VOUS LISEZ
[OS Erehisu]: Le Diable, La Reine et les cendres
FanfictionHistoria Reiss est la reine des murs. Eren Jäger, lui, est un monstre. L'histoire pourrait s'arrêter là, sur cette fable grotesquement simpliste. Cependant, si comme beaucoup d'êtres humains c'est la vérité qui vous affame, alors perdez vous dans...