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Et encore.

Ce même appel.

Ce même appel qui le réveille d'un sommeil déjà peu profond.
Ce même appel qui lui bouffe chaques minutes de repos dont il rêve pourtant.
Ce même appel qui le déchire, le tord, le brûle de l'intérieur.

Il essayait de l'ignorer. Il attendait que l'écran de son téléphone ne s'éteigne et que la pièce ne se replonge dans une obscurité rassurante, comme chaque nuit.

Mais comme chaque nuit, l'écran se rallume, encore, encore...

La vulgaire table de chevet produit un son dérangeant, soumise aux vibrations entêtante de l'appareil.

Ses oreilles sifflent, son coeur saigne. À moins que ce ne soit l'inverse.

Il ne veut même pas ouvrir les yeux, ne veut pas affronter cette réalité, cette foutue réalité, en face.

Celle dans laquelle tellement tard que l'on peut dire tôt, son ex l'harcèle.

Ils s'étaient aimés, fort, tellement fort que leurs coeurs explosaient dans leurs poitrines à chaque regard, à chaque contact.

Oui, tellement fort mais tellement mal.

Tellement mal que ça n'allait plus, enfin ça n'avait jamais été.

Ils n'étaient bons qu'à se faire du mal, qu'à s'insulter, qu'à se briser puis essayer de recoller les pièces.

Mais quelques larmes, quelques gestes trop brutes, et la colle disparaît, laissant des morceaux éparpillés à leurs pieds déjà coupés et peinant à cicatriser.

Il mentirait s'il disait qu'il avait totalement oublié le plus vieux des deux, car des photos de mains enlacés et de corps dénudés cachés par un drap chiffonné il en pleuvait dans sa galerie.

Les tris sont dûrs à faire.
Les cernes sous ses yeux en témoignaient.

Au moins ce n'était pas des hématomes.

Non. Mark ne l'avait jamais frappé. Ce n'était pas lui. C'était ses amis.

Ses amis tous plus ''cools'' les uns que les autres qui dès la première rencontre avaient fait leur avis sur lui.

L'ébène l'avait pourtant rassuré, lui disant qu'ils étaient tous ouverts d'esprit et chaleureux.

Ce jour là, le plus jeune s'était dit qu'il devait avoir lu un mauvais dictionnaire. Ils n'étaient pas chaleureux et encore moins ouverts d'esprit.

Ils n'avaient rien dit à Mark sur son homosexualité, mais lui, il s'en était prises des remarques toutes plus vexantes et cruelles.
Sûrement parce que, comme les amis du canadien le disaient, c'était lui qui se la prenait.

Le châtin n'avait rien dit à son petit ami sur le moment, il voulait lui faire plaisir.

Mais l'aîné aussi faisait tout pour lui faire plaisir.

Malgré ses cours à l'université, sa première année, et ceux du plus jeune encore au lycée, il se tuait à, dès qu'il le pouvait, aller le chercher devant les portes de l'établissement et le ramener chez lui, dans son appartement d'étudiant si petit et pourtant si précieux à leurs yeux.

Dans ce dernier, les nuits s'éternisaient sous des baisers et tendres caresses.

Le noiraud laissait même de côté certains devoirs pour se consacrer à ce petit soleil.
C'est sûr que ses parents et lui-même ne s'étaient pas battus corps et âmes pour obtenir l'argent suffisant pour ses études, n'avaient pas vendus des meubles, fait des heures supplémentaires...

Encore une fois, ils s'aimaient, tellement fort mais tellement mal.

Et puis tout s'était effondré.

Si violemment qu'aucun des deux n'avaient eu le courage d'aller chercher la colle, lassés de s'y couper à chaque fois.

Donghyuck était parti.

Et le lendemain, personne ne l'attendait à la sortie du lycée.
Ni le jour d'après.
Ni plus jamais.

Alors il avait arrêté d'attendre devant le portail, il avait même arrêté d'y aller tout court.
Cela devait faire un mois, ou deux, qu'il restait chez lui, seul dans sa chambre, ses parents rentrant tard le soir, et lui peinant à travailler depuis son ordinateur toute la journée.

Il n'avait plus aucun contact extérieur.

Ses amis l'avaient harcelé de messages, réconfortants, de soutient. Mais il les avait supprimés. Puis il avait supprimé tous ses contacts.

Sauf celui de l'ébène.

Celui qui s'affichait chaque nuit sur son téléphone, et qui restait sans réponse.

Et comme chaque nuit, excédé, il se redressa sur son matelas et alluma sa lampe de chevet.

L'ampoule de cette dernière était vacillante. Elle clignotait. Elle s'allumait, elle s'éteignait, elle s'allumait, elle s'éteignait, elle s'allumait...

Mais le châtin était celui qui tremblait.

Il fixait les ombres qui se dessinaient sur les murs d'un papier peint jaune dont il ne supportait plus la vue.

Il s'y voyait, tout aussi vacillant que l'ampoule.

Les vibrations ne cessaient pas, elles le hantaient.

Morphée l'appelait, désespéré, mais le maudit appareil ne le laissait pas faire.

Donghyuck en avait tellement marre.

Il était mieux sans Mark, et Mark était mieux sans lui.

Alors pourquoi ne cessait-il de l'harceler ?

Les ombres clignotent, la chambre vacille.

Ses oreilles saignent, son coeur siffle. À moins que ce ne soit l'inverse.

Oui il en a marre.

Alors il étire ses membres engourdis et se tourne vers la table de chevet.

Il ne regarde même pas l'écran, tout clignote et vacille trop dans sa tête.

Il saisit le maudit appareil, et tape l'écran à l'aveugle.

Alors le silence se fit.

Il éteignit la lampe et son ampoule épuisée, et se recoucha sous les draps frais.

Ses paupières se fermèrent et Morphée pût enfin l'accueillir.

Et sans compagnie, sur la table de chevet, reposait le téléphone portable déjà entièrement éteint depuis de longues semaines...

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𝐬𝐨 𝐈 𝐬𝐰𝐢𝐭𝐜𝐡 𝐨𝐟𝐟 ও 𝑚𝑎𝑟𝑘ℎ𝑦𝑢𝑐𝑘Où les histoires vivent. Découvrez maintenant