The Incredible Mistake [Terminé]

Chapitre 6 : Gabe

Des bruits de pas autour de moi me tire de mon sommeil, tandis qu'un énorme mal de tête m'oblige à rester allongé. Il y a un bras autour de moi, et une odeur familière de monoï, émane de la masse capillaire sur mon torse. Bon sang, mais on est quel jour ? Et avec qui j'ai couché hier soir ? J'ouvre difficilement les yeux, et sens le corps contre le mien s'agiter également. Ce plafonnier me dit vaguement quelque chose.

-Merde, fais la voix à côté de moi.

Surpris, je tourne la tête vers Kelly qui se relève doucement, les yeux à demi-clos. Même au réveille et avec une gueule de bois, elle est sexy. Elle ouvre grand les yeux quand elle réalise ce qu'il se passe.

-Bougez-vous, on va être en retard en cours.

Je tourne la tête vers Kyle, une serviette nouée autour de la taille en train de fouiller dans sa penderie.

-Merde, répète Kelly, avant de se lever, de tanguer et de courir vers la salle de bain.

Moi, je suis encore dans les vapes, alors que la journée d'hier me reviens petit à petit en mémoire. Mon père, l'alcool, mon père. Bon sang, il ne pouvait pas rester en prison celui-là.

-Tiens, me dit Kyle en me tendant des fringues propres, je reconnais un de mes pantalons et un de mes caleçons, à force de passer mon temps ici, j'ai fini par y laisser pas mal d'affaires.

Je me redresse sur le lit, pas très sûr de la soirée de la veille. Assis en tailleur, je me prends la tête dans les mains. Cette gueule de bois est violente, mais pas plus que les révélations auquel je dois faire face.

-On s'est endormi dans mon lit, répond Kyle à mes interrogations muettes. Heureusement que j'ai entendu nos trois réveilles sonnés depuis le salon, parce qu'avec les deux bouteilles qu'on s'est vidé, jamais on ne se serait levé.

Je repense à toutes ses fois où on s'est endormi tous les trois plus jeunes dans le même lit. Bien sûr, à l'époque je n'avais pas encore couché avec Kelly.

Kyle se change à côté de moi, et quand je n'entends plus l'eau de la douche, je me risque à bouger du lit, mes vêtements sous les bras. La pièce vacille un peu autour de moi, et il vient me soutenir jusqu'à la salle de bain. Je le rassure en lui disant que je peux me doucher tranquille, mais il insiste, et reste appuyer contre le lavabo tout le temps de ma douche. Celle-ci ne m'enlève pas ma gueule de bois, et n'apaise pas mon esprit torturé, mais elle a le mérite d'enlever l'odeur de l'alcool. Une fois propre et changé, je récupère mon sweat gris que j'ai prêté à Kelly hier et qui traine en évidence sur la machine à laver. En l'enfilant, une légère odeur de monoï emplit l'air, il est hors de question que cette fille change un jour de shampoing. Puis je les rejoins dans la cuisine où ils sont tous les deux accoudés autour de la machine à café. Kelly me tend une tasse, et je la remercie en évitant son regard. Je bois mon café, et je suis prêt à en reprendre un deuxième, quand Kyle m'entraine dans la salle de bain pour un brossage des dents intensifs avant de quitter l'appartement.

Je ne suis pas en état de conduire, je les suis donc jusqu'à leur jeep dans l'arrière-cour, et m'écroule à l'arrière. On n'échange pas un mot, pas besoin, on est dans le même état tous les trois. Le trajet jusqu'à l'université passe à une vitesse folle, et me voilà debout devant le bâtiment où j'ai cours, dans l'incapacité d'avancer. Mes sens sont alertes, je sais que j'ai l'air d'un fou avec mes cernes sous les yeux et ma gueule de bois, à me retourner sur chaque personne qui passe. Est-ce qu'il sait que je suis là ? Est-ce qu'il m'espionne ?

C'est le bras de Kyle autour de moi, qui me ramène peu à peu à moi, il m'entraine avec lui jusqu'à l'amphithéâtre où a lieu notre premier cour de la matinée. Je m'installe à ses côtés, et je n'écoute pas un mot qui sort de la bouche de nos différents professeurs de la matinée. Je suis là, physiquement, mais mon esprit, lui, il est chez moi, dans ma première maison, celle que j'avais dans la même rue que Kyle, celle que j'avais quand tout est arrivé. Plusieurs fois, je sens le contact de Kyle sur moi, je sais qu'il est là, et qu'il fait face pour moi.