Mélancolie instantanée - Amours metropolitains

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Un bruit de ferraille, un grincement. Une étincelle.

Le wagon métropolitain stoppe sa course.
Un grincement, encore, quand les portes s'ouvrent.

Il lève la tête.
Croise un regard fixé sur lui.
Des yeux bleus comme il n'en n'a jamais vu.

Il se rappelle :
« Un centimètre carré de bleu est plus bleu qu'un mètre carré de ce même bleu. »

Mais là, c'est encore plus.
Plus intense.
Plus perçant.
Plus étincelant.
Plus tout.

Une secousse, brutale. Il n'a pas eu le temps de s'accrocher à la barre métallique et froide.
Il trébuche. Se retrouve contre un torse, une chemise blanche, parfumée d'une senteur florale.
Lève la tête. Ce sont eux. Ce sont les yeux plus tout.

Il est gêné. Il ne comprend pas si c'est la chute ou le garçon brun qui le fait rougir.

Une main, sur sa joue. L'élastique de son masque glisse, son visage se retrouve nu.

— Pardonne-moi ce que je vais dire, c'est sûrement inapproprié, fait la voix lascive du garçon brun, mais tu es éblouissant.

L'adolescent glisse un peu plus, chancelant. Il lui faut le nom de ce garçon aux yeux bleus.

Ah. La stridente fanfare du métro les rappelle à l'ordre. C'est l'arrêt du beau jeune homme.

Un dernier soupir, un sourire.

Il disparaît par les portes, celles ci se referment derrière lui.

C'est fini.

A la sortie du métro, la tête du garçon qui n'a pas les yeux bleus est remplie de mélancolie.
Le ciel est redevenu gris. Le Soleil a laissé place à la pluie.
Le monde pleure, comme lui.
Ils se sentent seuls, tous deux.
C'est le bazar, tout le temps, partout, à chaque instant.

Il ne reverra jamais ces beaux yeux azur.
Il oubliera, ce sera dur.

Mais il y arrivera.

Après tout, l'humain se laisse distraire facilement, ne trouvez vous pas ?

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