Welcome to Montpellier TOME 1

Mon petit nid d'amour

Épuisé après plus de onze heures de trajet, je me tenais devant la porte prête à révéler mon nouveau repaire. L'apparente simplicité de cette porte dissimulait le théâtre effervescent de la vie étudiante qui attendait derrière : des soirées déjantées, des rencontres électriques, des éclats de rires et des nuits imprévisibles. Mon impatience initiale s'était transformée en une anxiété palpable, des "et si..." tourbillonnaient dans ma tête, alimentant l'excitation mêlée d'appréhension.

Émergeant de ma torpeur, je manipulai longuement mes clés nouvellement acquises - "MES clés !" Lorsque la porte s'ouvrit enfin, une déception abrupte m'assaillit. Devant moi s'étalait un studio aux murs jaunes, bien loin de l'image luxueuse que mon imagination avait esquissée. Un lavabo, une armoire, un bureau, et un lit défraîchi composaient ces quinze mètres carrés qui semblaient, à première vue, plutôt pitoyables.

C'est à ce moment précis qu'un frappement retentit à la porte, rompant le silence monotone de ma déception.

"Oui ?!" lançai-je, perplexe sur qui pouvait bien être cette personne, étant encore étranger dans cet endroit.

"Salut beauté, euhhh mec !" répliqua un garçon grand et très fin, aux longs cheveux noirs, une présence qui contrastait avec l'austérité de mon nouvel environnement.

"Euh, salut, tu es ?"

"Je m'appelle Rachid, je suis ton voisin."

"Enchanté, moi c'est Mat!"

Le dévisageant, je remarquai dans ses mains une grosse boîte de gâteaux arabes, une touche de chaleur et de culture contrastant avec la froideur initiale de mon studio.

"Dis-moi, tu fais quoi avec tes gâteaux?"

"C'est l'Aïd mec, chez nous en Tunisie, c'est une fête musulmane, tu partages ce que tu as avec les gens que tu aimes bien."

"Ok, merci, c'est sympa, je ne connaissais pas."

J'appris plus tard que ces gâteaux ne m'étaient pas destinés. En réalité, il pensait que j'étais plutôt une voisine. L'Aïd avait bon dos ! Rachid, comme la plupart des Tunisiens, maîtrisait parfaitement le français. Son titre de séjour lui permettait de poursuivre des études de pharmacie en France, bien que réputées difficiles d'accès en raison de leur niveau élevé. Son père l'avait inscrit dans cette filière, ayant lui-même étudié au même endroit et souhaitant voir son fils suivre ses traces. Ainsi, Rachid devint la première personne que je rencontrai à Montpellier, apportant avec lui une chaleur humaine inattendue dans cet environnement encore étranger.