Le jeudi est vraiment le jour d'école le plus long et fatiguant. Je venais de finir mon cours et le soleil se couchait déjà. "N'oublie pas de prendre les documents !" m'a dit Maman. Ce que j'ai donc fait. Un détour de plus vers ma destinée, mon lit. Les gens sont molaçons, sauf que j'ai pas le temps ! Mon copain m'attendait dehors. J'essaye donc tant bien que mal de me frayer un chemin dans ce bazar mobile statiquement d'humains. A la sortie du couloir, un surveillant m'arrête :
"- Qu'est-ce que tu transportes sous ton bras ?
- Une enveloppe avec des documents administratifs.
- D'accord, mais quel genre de documents administratifs ?
- Bah... des documents administratifs (je vais pas te faire un dessin quoi !)
- Il faut que tu ailles les signaler à la direction avant de sortir de l'école."Vraiment, tout pour m'énerver cet après-midi. Je me serais peut-être emportée si ce frisson indescriptible ne m'avait pas traversé l'échine. Ce genre de frisson qui dit que tout ce qui suit ne va paaaas du tout se passer comme prévu. Il fallait rentrer au plus vite. Mais, puisque la vie est là, autant la vivre jusqu'au bout pour voir où elle nous amène.
A la porte du secrétariat, je toque, aucune réponse. Bon... c'est pas que j'ai pas envie d'attendre mais voilà quoi... je veux rentrer à la maison eheh ! Ne pas écouter de temps en temps ne fait pas de mal ahah. Je voulais rentrer le plus vite possible. Je me dirige vers la sortie. Mon copain est là, il m'attend dans la voiture.
"Bah alors, t'en as mis du temps !"
Gneugneugneu, moi aussi je suis contente de te voir. Roule maintenant, s'il te plaît ?
🎶I guess you fell into the wrong hands, yeah
Ooh-ooh-ooh-ooh-ooh🎶
C'était la chanson que j'avais choisie. J'aurais jamais deviné qu'elle serait tellement réelle dans quelques temps..."J'sais pas... c'est bizarre. J'ai l'impression qu'on nous suit. Tiens, je vais passer plutôt par-là."
Au même moment un message de Maman :"Coucou, vous rentrez bientôt ?"
Oui, oui, t'inquiète pas. Ou alors, inquiète toi. Je sentais que le ciel se refermait sur nous, comme si on était tombé dans une dimension angoissante et mortifère, accompagnée d'une présence pas très bienveillante... La musique même s'était arrêtée, comme si elle aussi l'avait senti. L'instant de non retour à partir duquel tout va se passer vite et mal. On roulait dans une rue que nous n'avions pas l'habitude de prendre. Persuadé d'avoir semé nos suiveurs, Moumoute reprend la route principale. Ou du moins, il essaye. Je les avais vu dans le rétroviseur. Celui qu'on appellera l'Apôtre du Papier créait autour de nous une boîte géante en bandelettes de papier géantes. Pas besoin de préciser qu'on était coincé. Je n'ai pas réussi à les compter. Tout est allé tellement vite. Tellement que je n'ai pas vu quand ils nous ont sortis de la voiture.Ils devaient être une dizaine autour de nous. Coups de pieds, de battes, de tout ce qui pouvait faire mal. Une mêlée cacophonique. Mon copain était là et je ne pouvais rien faire pour lui, merde. C'est dans ces moments que j'aimerais me trouver des capacités hors normes. Force ou peut-être même de la magie ! Je pourrais me transformer en Super Saiyan. Mais non, je suis couchée, le visage ensanglanté et tuméfié.
Soudain, les coups cessent. Ils s'écartent, deux femmes avancent vers nous. L'une d'elles avait les cheveux courts indigo, des yeux couleur d'ambre et un air absent. L'autre, plus dynamique, avait les cheveux rouges, les yeux bleu azur. L'œil vif et brillant, elle semblait se moquer de notre piteux état.
"Alors... Hansel et Gretel ont perdu le chemin de la maison ? Ahahah, comme c'est mignon." Elle parlait lentement et pourtant, chacune de ses paroles semblait déformées par un pic émotionnel difficilement maîtrisable. C'est précisément là que je me suis rendue compte que je dormais, j'ai essayé de transformer ce cauchemar en rêve lucide. On a réussi à établir une communication par la pensée avec mon copain. Je lui expliquais que ce n'était qu'un rêve particulièrement étrange influencé par nos esprits tordus. Si on se concentre, on pourra se réveiller.Miss Tête Brûlée a compris ce qui se passait. "Pour clarifier les choses, petite merdeuse, je suis l'Apôtre de la Pensée. Tout ce que vous pensez, je le sais.
On va jouer à un jeu, mes magnifiques colombes. -un sourire démesurément large lui fendait les joues comme cette légende urbaine japonaise- A partir de maintenant, pour votre vie, vous devrez dire et penser le contraire de ce que vous pensez. C'est dans vos cordes ? Ahah, il le faudra bien."
C'est une blague ou quoi ? Comment on pense le contraire de ce qu'on pense ? Je ne le savais pas et j'allais bientôt payer pour mon ignorance.La femme aux cheveux indigo, qui a su effacer sa présence jusqu'à maintenant, avait plonger son regard dans le mien. Elle exerçait comme une emprise sur moi, j'étais médusée. Subitement, une douleur gargantuesque me traversa les orteils. Ce n'est que quand j'eus la force de baisser les yeux que je vis que des trous béants où étaient jadis mes orteils, jaillissaient des litres de sang infinis. J'ouvrais la bouche pour crier mais aucun son n'en sortait. Cette douleur n'en finissait pas qu'un bourdonnement assourdissant vint emplir mon cerveau. Je me sentais comme brûler de l'intérieur.
"On l'appelle Apôtre de la Douleur, dit la tête en feu maîtrisé, tu dois comprendre pourquoi, -un rire diabolique tordait son corps tout entier-. Toi aussi, tu vas payer pour les erreurs de ta petite femme."L'Apôtre du Papier sortit de son coin sombre, tirant par ses bandelettes de papier mon copain, par les pieds. Il le fit asseoir sur une chaise à multiples lanières. Dans un élan de désespérance, je me mis à hurler comme si cet acte aurait changer quelque chose. J'ai croisé son regard pendant qu'on l'attachait. Je ne pouvais pas supporter ça. J'ai fermé les yeux, rassemblant toute ma volonté ainsi que que toutes mes forces. Et comme par enchantement, ma vue commençait à se brouiller telle une télévision qui grésille, je commençais à me réveiller. Pendant que je perdais connaissance dans le monde des rêves, je vis l'Apôtre de la pensée. Elle comprenait qu'elle avait perdue et me disait en s'asseyant :
"Peu importe où tu vas, on te retrouvera".
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Dans le ventre de Baku
RandomQui n'a jamais entendu cette phrase bateau "Fais de ta vie un rêve, et de tes rêves une réalité" ? La bonne blague. Si mes rêves étaient réalité, je ne donne pas cher de ma santé mentale et même de ma vie. Heureusement mes rêves ne sont pas tous mac...