Les Chasseurs

Chapitre 1

La forêt est un lieu fascinant. D'ailleurs, la relation qu'une personne a avec la forêt est une manière de voir qui elle est vraiment. Certains y voient un côté protecteur, presque magique; pour d'autres c'est un lieu de cauchemar où les pires angoisses se révèlent. Cher lecteur, vous devez très certainement vous demander qui je suis et pourquoi je vous parle de manière si insistante de la forêt? Et bien c'est ici que je suis né, c'est en quelque sorte ma maison. Je pense que pour vous expliquer ma relation très personnelle avec elle, je dois vous raconter comment la forêt m'amène à ma perte. Cependant, je tiens à établir quelques règles pour vous raconter mon histoire. Je ne m'engage pas à répondre à toutes les questions que je poserai ou que vous vous poserez et je ne vous donnerais aucun indice sur qui je suis, car si je vous raconte l'histoire du village en vous donnant mon identité, votre avis ne serait plus objectif sur la situation. Quel village? un village au fin fond de la forêt, un village vivant différemment des autres avec seulement une centaine d'âmes. Pour raconter son histoire, je vais d'abord commencer par notre personnage principale: Diane

Comme tous les matins, Diane se lève avant le soleil. Je tiens à préciser que si je parle de cette connasse en premier ce n'est certainement pas par favoritisme, je continue dans l'idée de cette objectivité et Diane est malheureusement le meilleur accès pour entrer dans cette histoire.

Elle prépara ses affaires en commençant par prendre son couteau, la seule chose que son père lui avait laissé avant de mourir, son arc et ses flèches. Elle vivait dans une maison excentrée qui lui rendait l'accès au village difficile, mais elle pouvait être en seulement quelques pas en un lieu propice pour la chasse. Elle était alors une excellente chasseuse et pouvait à elle seule fournir en viande le village. Ce matin-là, elle voulait aller chasser du gros gibier : un cerf. Si vous n'êtes pas familier avec la chasse, sachez que le cerf est à la forêt ce que le lion est à la savane. En huit années de chasse quotidienne, elle avait obtenu tous les trophées : du sanglier, du lapin, du renard... ou presque ; jamais elle n'avait réussi à avoir un cerf. En marchant jusqu'à son endroit habituel, elle se prépara et écouta la forêt.

En début d'après-midi, au vu de la météo, elle n'avait pu attraper qu'une dizaine de lapins, et s'apprêtait à rentrer au village pour vendre le fruit de son travail. En arrivant à l'entrée du village, Diane entendit un bruit derrière elle. En un instant elle se retourna, arma son tir et vit un magnifique cerf au loin. Elle était prête à lâcher sa flèche mais quelque chose n'allait pas, elle était comme pétrifiée. Pourtant elle avait déjà vu de nombreux cerfs sans les toucher, mais à ce moment-là, quelque chose n'allait pas. Elle était comme bloquée, terrorisée par un élément extérieur, quelque chose qu'elle ne peut pas voir mais qui pourtant pouvait l'observer. Soudain, une voix la fit sortir de son état.

<<DIANE!!>>

Cette voix était celle de Julie, celle qui était alors sa meilleure amie. Je dis meilleure amie mais je devrais dire sa seule amie car seule une fille hyperactive à l'excès comme Julie pouvait apprécier une fille distante comme Diane.

<<J'étais en route pour te chercher>> reprit Julie

D'un coup d'œil, Diane regarda le cerf qui n'était bien évidemment plus là.

<<Pourquoi? Tu sais bien que je chasse le matin>> dit Diane

<<Pas le temps de t'expliquer, le Maire nous attend>>

<<Quoi? Mais pourquoi>>

<<Pas le temps de t'expliquer, et en plus je sais pas>> dit elle avec son insupportable sourire et sa bonne humeur à vomir

<D'accord, d'accord je viens>> répondit elle en soupirant non sans un petit sourire amical

<<ON FAIT LA COURSE?>> hurla Julie, tout en courant comme si elle connaissait déjà la réponse.

Diane sourit, mais avant de partir elle alla récupérer la flèche qui lui avait échappé. Repensant a la sensation étrange qu'elle avait eu devant le cerf, elle regretta d'avoir rater l'occasion. Elle trouva vite la flèche qui n'avait pas touché sa cible, pourtant elle vit à côté des traces de pas du cerf qu'elle venait de rater, des taches de sang. Elle les suivit, retombant dans cet état de panique inexplicable et tomba sur une flaque de sang venant de l'animal. Sur une branche, elle vit des poils qui au vu de la couleur ne correspondaient pas au pelage du cerfs. Ces poils étaient noir comme une nuit sans lune. Mais, même si ses interrogations n'étaient pas comblées, elle fut interrompue dans sa réflexion par Julie, insistant sur son incapacité à la rattraper. Troublée, elle courut comme à chaque fois avec son gibier sur le dos pour rattraper son amie et, comme à chaque fois, elle la dépassa.

Arrivée à l'entrée du village, Diane était comme perdu. Là où normalement le monde l'agaçait, elle se retrouva devant un village totalement vide. Julie la rejoignit et lui dit que tout le village s'était rassemblé sur la grand place. En s'y rendant, elles commencèrent à croiser de nombreuses personnes, puis une foule complète, visiblement apeurée, qui remplissait la place. Diane n'eut même pas le temps de demander ce qui se passait que le maire monta sur l'estrade fait à la va vite pour une situation visiblement urgente. Attention cher lecteur! car c'est ici que le chemin vers ma brillante ascension debuta, ou plus précisément avec cette déclaration du maire qui fit trembler le village:

"mes amis, un corps vient d'être découvert"