Les Chasseurs

Chapitre 2

Cher lecteurs, je sais ce que vous vous dites, comment ai je pu avoir l'audace de vous laisser languir avec la découverte d'un corps? Eh bien je dois être honnête avec vous, il est pour moi difficile de vous écrire pour des raisons que je vous expliquerai peut être plus tard. Je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps, je suppose que vous devez attendre la suite de mon histoire.

Lorsque le maire prononça ces mots, la foule hurla son étonnement. Qui était cette personne ? Comment était-elle arrivée là? Faisait-elle partie du village? La foule était si paniquée qu'elle ne formait plus qu'un brouhaha incompréhensible. Le maire, en promettant qu'il trouverait le responsable de ce crime odieux essaya de les calmer, en vain. Mais de ce bruit de foule survint un son plus fort encore, un son qui fit taire tout le monde de peur. C'était Max l'autre chasseur du village, moins populaire que Diane, qui avait tiré avec son fusil dans les airs pour faire cesser ce bruit.

"Vous êtes pathétique" dit-il avec une haleine composée de whisky frais "moi je vous le trouverai le responsable de ce merdier"

"Mais enfin, je suis votre maire et il n'y a que moi qui puisse vous donner l'ordre de mener une..." dit-il en bégayant

"Sache une chose" répondit-il en coupant la parole au maire "je ne reçois d'ordre de personne et certainement pas d'un homme passant ses journées à manger et à dormir. Si le tueur fait partie du village je le trouverai et lui ferai payer!"

Lorsqu'il partit, la foule resta muette. Un habitant, demanda timidement qui était la personne retrouvée. Mais le maire lui répondit que le corps n'était pas celui de quelqu'un du village et qu'il avait envoyé quelqu'un dans le village voisin pour demander s'il était de chez eux et qu'il devrait venir dans la soirée avec une personne pouvant identifier le corps. Vous me permettrez cher lecteur de passer le pathétique discours de conclusion du maire que personne n'écouta jusqu'au bout; avant même la moitié tout le monde était parti. Bien qu'il voulait se donner un aspect respectable en étant bien apprêté, personne n'était dupe quant à son manque de charisme flagrant. Il n'avait en réalité été élu que grâce à ses inexistants opposants, même si malgré cela il ne fut pas élu à l'unanimité.

Portant toujours le gibier qu'elle avait attrapé ce matin, Diane se rendit donc au lieu qui était pour elle le plus important du village: la taverne où elle avait ses habitudes. En entrant dans cette grande auberge, elle esquiva les personnes déjà saoules et arriva au bar pour y retrouver le maître des lieux: Jac. Diane lui montra le gibier et tenta de négocier le prix. Après quelques échanges de proposition, ils arrivèrent à un accord se composant d'une somme d'argent convenable ainsi que d'un verre.

"Alors Diane" dit Jac en lui donnant son verre "tu en as pensé quoi de... disons, cette... découverte . "

Diane leva les yeux au ciel, bu son verre cul-sec et répondit "Max avait l'air particulièrement bourré aujourd'hui, ca m'étonnerait qu'il réussisse ne serait-ce qu'a trouver les raisons de la mort ou même s'il s'agit d'un homme ou d'une femme."

Jac s'esclaffa à la remarque de Diane. Il était réputé comme une personne gentille et digne de confiance qui connaissait chaque personne comme si elle était de sa famille. Mais il avait un attachement tout particulier envers Diane, de par son caractère qu'il qualifiait de "bien trempé" ainsi que de sa longue relation avec son père avec qui il avait grandi.

"Ah, pendant que j'y pense, j'ai ce que tu m'as demandé." dit Jac en glissant sur le long comptoire en bois une petite boîte cachée par un bout de chiffon.

Diane savait parfaitement le contenu de cette boite, elle ne regarda même pas à l'intérieur. Elle s'apprêtait à remercier Jac lorsque l'apparition de Julie dans l'entrée de la taverne la fit ranger la boîte dans sa poche.

"Comme d'hab" à Jac qui avait déjà commencé à préparer son verre par habitude "Ah Diane je te cherche partout depuis tout à l'heure ! Tu me fuis ?" dit-elle en rigolant puis elle se mit à parler plus bas "tu as réfléchi à notre idée ?"

"Tu veux dire TON idée" dit-elle agacée.

"Sérieux Diane, on en a déjà parlé, je te propose d'explorer le monde, de partir de ce village et toi, ta seule réaction, c'est de rester ici vivre encore et toujours les mêmes journées ?"

"Je sais pas... je vois pas ce qui pourrait être si intéressant que ça dans le monde"

"Franchement Diane tu m'énerves" dit-elle en buvant son verre.

"Moi je t'énerve ? Mais tu me parles de ça tous les jours et on ne peut pas partir comme ça, on a des amis, un travail, une vie ici, pourquoi on abandonnerait tout ça ? demanda-t-elle a une Julie finissant son verre.

"Diane..." dit-elle d'un ton calme "tu sais très bien ce qui te bloque...tu es ma meilleure amie et je suis la pour toi mais tu sais bien que depuis que ton père est mort tu n'arrives pas à... avancer" Elle soupira : "Écoute, tu comptes pour moi beaucoup pour moi mais je ne resterai pas éternellement dans ce village et c'est avec toi que je veux partir voir le monde"

Diane le savait, Julie avait raison. Elle voulait, elle aussi, explorer le monde, suivre son amie partout où elle irait mais à chaque fois qu'elles s'imaginaient partir, très vite un sentiment de terreur lui vint et elle se retrouva comme pétrifiée. Mais cette fois ce serait différent, cette fois elle pourrait enfin dire ce qu'elle a sur le cœur.

"Julie que dirais-tu si..."

Avant même qu'elle puisse finir sa phrase, elle fut interrompue par la porte de la taverne s'ouvrant difficilement, ainsi qu'un hurlement qui fit se retourner les deux amies. Une petite fille était à la porte. Elle était habillée comme toutes les petites filles avec une jolie robe blanche cachant à peine des chaussettes montant jusqu'au milieu du genou dans des petites chaussures noires. Ce qui la distinguait des autres filles de son âge, c'était les grandes taches de sang sur son visage, couvrant sa robe et tombant sur ses chaussettes et ses chaussures. Avec difficulté, elle essaya de dire quelque chose :

"Vous pouvez m'aider s'il vous plaît ?" dit-elle à voix basse.

Elle s'écroula.