Chapitre 1

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Je suis enfermée ici depuis 12 ans et j'y suis arrivée à mes 3 ans.

12 ans où je n'ai connu rien d'autre que cet orphelinat de Londres, le Khan's Field.

Et dans ces 12 ans qu'ai-je fait ?

Pas grand chose, en tous cas, pas assez pour que ces choses méritent d'être citées. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas une fille horrible, brisée par la mort des ses parents, esseulée et associable. Je ne m'attache tout simplement pas aux gens facilement, parce que, de toute façon, je vais bientôt partir retrouver mes parents. Et je ne suis pas ingérable, je suis juste un peu sarcastique sur les bords.

Enfin bref, aujourd'hui je vais enfin faire quelque chose de constructif.

Il n'y a pas si longtemps, il y a un mois, j'ai appris l'existence d'un dossier auquel on aura accès à notre majorité si l'on veut avoir des informations sur notre famille biologique. Mon objectif était de lire ce dossier. La seule personne dont j'étais proche dans cet orphelinat, c'était l'ancienne assistante sociale, Mélina. J'avais réussi à la convaincre de me donner accès aux dossiers mais problème : elle ne peut pas faire la demande à ma place avant que je ne devienne majeure. Et je ne le suis pas (donc même en remplissant tous les papiers pour moi ça n'a pas marché). De plus, elle est partie à la retraite. Elle était la dernière personne à qui j'étais attachée et mon seul espoir de retrouver mes parents mais cet espoir s'est envolé. Du moins, celui de retrouver mes parents légalement avant 18 ans.

Au lieu de rester abattue pendant 1 mois, je me suis relevée et j'ai cherché une solution. Et je l'ai trouvée. Il y avait une personne ici, et nulle part ailleurs, qui pouvait avoir accès à mon dossier en permanence : la psychologue.

Je ne l'avais jamais trouvé très utile . Quand on lui parle, on a l'impression d'être analysé. On voit sur son visage les rouages dans son cerveau en train de se dire ''elle a utilisé ces mots-là, cela veut dire qu'elle n'en a pas utilisé d'autres, de plus, elle est légèrement penchée sur la droite... et blablabla. J'en déduis une profonde tristesse et blablablaa'' Donc comment on est censé se confier à quelqu'un qui vous juge et qui vous analyse tout le temps ? En plus, on ne parle pas à la personne, à la femme, on parle à la psy. C'est comme parler dans le vide ! 

Enfin bref, ma merveilleuse solution c'est de choper les clefs du bureau de la psy à la nouvelle assistante. Au passage, celle-ci a l'air complètement perchée et surtout trop bizarre ; je l'ai déjà vue en train de m'observer derrières les portes. Mais, bon, elle est nouvelle ce sera donc simple de l'amadouer pour faire diversion et récupérer les clefs. Une fois cela fait, c'est-à-dire demain dans la nuit (elle ne remarquera rien, elle est complètement paumée je vous jure). Je devrais attendre jeudi où aura lieu mon merveilleux rendez-vous HEBDOMADAIRE avec la merveilleuse psy (super utile ne l'oubliez pas !), pour récupérer son mot de passe. Rendez-vous qui a été exceptionnellement avancé, je suis donc la première à passer à la casserole. Et je ne m'en plains pas : cela me permettra de voir son code lorsqu'elle allumera son ordi et d'avoir (enfin !) accès à mon dossier.

Plus que 4 jours avant de le récupérer. Je n'ai pas vraiment de plan pour la suite, j'aviserai en fonction de ce que je trouverai dans le dossier. Et si mon plan échoue et bah... j'improviserai !


Mardi 23:59 :

Bizarrement, moi qui suis toujours en retard, j'ai une minute d'avance (c'est toujours ça de gagné) .

En même temps, cela fait tellement longtemps que j'attends ce moment.

Bon, commençons : le bureau de l'assistante est comme je l'avais prévu ouvert et vide. Ce sera encore plus simple que ce que je pensais. Je rentre donc sans hésitation. Le bureau est petit et exigu. Il y a une sorte de coiffeuse qui sert de bureau avec deux tiroirs qui ne s'ouvrent pas pour celui de gauche (car apparemment trop vieux et en mauvais état) tandis que celui de droite ne ferme pas correctement. Au fond, il y a un lavabo et des médicaments qui ne sont pas stockés à l'infirmerie. Logique, vous me direz. Je reprends donc mes recherches et... bingo ! Je trouve les dossiers dans le tiroir qui ferme mal. Je les prends et ressors en vérifiant que je ne croise personne. Mais de toute façon, à cette heure-là, personne ne traîne dans les couloirs par peur de finir dans le bureau du directeur. Je fais bien attention mais, depuis le temps, je connais les habitudes de la surveillante (qui dort actuellement comme tous les mardi soir). Je continue donc ma route le plus discrètement possible.

- Hé, arrête-toi ! fit une voix dans mon dos.

Je peux reconnaître cette horrible voix en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

- Qu'est-ce que tu me veux, Meredith ? (un prénom de sainte pour une vraie chieuse catégorie 4) soupirai-je en me retournant.

- Il est interdit de traîner dans les couloirs la nuit, me rappela-t-elle en rejetant sa chevelure blonde d'un geste dédaigneux.

Et voilà je vous présente Meredith Faith, l'une des pires choses qui puissent vous arriver dans votre vie ! Vous voyez les boutons qui poussent sur le visage et dont on n'arrive pas à se défaire ? Ben, elle, c'est pareil !

- Ah ok je savais pas, mentis-je en essayant de garder mon calme. Et toi, pourquoi tu le fais si tu le sais ?

- Ne joue pas à ça avec moi. Je t'ai suivie pour voir ce que tu allais faire. Alors qu'est-ce que tu faisais?

- Je jouais au Scrabble avec les souris mais elles n'étaient pas à fond donc j'ai gagné et là j'allais me coucher.

Je ne perdis pas mon temps plus longtemps avec cette emmerdeuse de première et je fis demi-tour. Mais elle n'en avait pas fini avec moi.

- Attends deux minutes. Je t'ai vue sortir du bureau de l'assistante sociale. Je ne sais pas ce que tu prépares mais si c'est pour retrouver tes parents, fais-toi une raison et arrête ton obsession, tu te fais du mal pour rie n... S'ils t'ont abandonnée, c'est qu'il y a une raison non ? En même temps, qui voudrait d'une fille comme toi ? cracha-t-elle. 

Je fis volte-face et je l'attrapai par le col de son tee-shirt.

- Je t'interdis de parler de mes parents. Tu ne sais absolument rien d'eux ni de moi, espèce d'idiote. Maintenant, dégage ou je te promets que tu vas le regretter ! grondai-je en serrant autant que je le pouvais.

- Lâche-moi ! répondit-elle d'un ton menaçant mais je voyais dans ses yeux que je lui avais fait peur.

Comme je m'y attendais, elle partit aussi vite qu'elle le put. Pff, quelle lâche celle-la j'espère que son tee-shirt sera bien étiré et qu'elle ne pourra plus le mettre !

V. I. P : Vie (Im)PrudenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant