Chapitre 5 : Invitation

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MAY

Ça fait maintenant trois mois que je suis inscrite à la « Browser University », trois mois que je peine à m'habituer à son fonctionnement, et trois mois que je me tue presque pour arriver à l'heure à chacun de mes cours. Cette routine m'exaspère.

Quand j'étais petite, pour une raison que j'ignore, mon père n'a jamais voulu m'inscrire dans une école, qu'elle soit privée ou publique. C'était uniquement le homeschooling. Résultat : un total manque d'organisation et d'intégration.

J'arrive tout juste à l'heure au cours de M. Cleanson, essoufflée comme un cheval de course. Il n'est pas encore là, et c'est tant mieux... au moins, je n'aurai pas le privilège de recevoir l'une de ses remarques acerbes.

De loin, j'aperçois Kayth et Chrys qui me font de grands gestes pour que je les rejoigne. J'ai connu Chrystal quelques mois après avoir rencontré Kaythleen. Sa mère avait été embauchée par mon père comme gouvernante. Ne trouvant personne pour garder Chrystal, elle l'emmenait avec elle.

- Qu'est-ce qui t'est arrivé à la main, May ?

- Longue histoire, dis-je en levant les yeux au ciel. Je vous raconterai plus tard.

Elles me fixent l'air de vouloir dire : « on a tout le temps d'écouter»

Une fois mon périple raconté, Chrystal me regarde avec un sourire, comme si j'avais oublié un détail important.

- Et... alors ?

- Et alors quoi ? demandé-je, intriguée.

- Bah... il est comment ton nouveau voisin ? dit-elle en levant les mains comme si c'était une évidence.

- Ça fait plaisir de voir que l'état de mon bras, tu n'en a absolument rien à cirer. lancé-je légèrement contrarié

- Non, je pense que ce que a voulu dire Chrystal c'est que ton bras à l'air de rester accrocher à ton épaule ; mais à quoi ressemble l'ignoble personne qui t'as fait ça. Donne nous au moins son nom et prénom pour qu'on puisse le retrouver.

En entendant les paroles ironiques de Kayth, nous éclatons de rire, un fou rire qui est vite interrompu par l'arrivée de M. Cleanson.

- SILENCE ! Il n'en faut pas plus pour que nous nous taisions tous.

Mes pensées vagabondent et je me surprends à penser à mon nouveau voisin. Grand, brun, aux yeux bleus avec une légère teinte métallique assez déstabilisante, tout comme sa carrure d'ailleurs. C'est vrai, je ne connais même pas son prénom. Il faudrait que je pense à lui demander quand...

- Tu penses encore à ton beau voisin ténébreux c'est ça ? me charrie Chrystal.

- N'importe quoi ! réponds-je du tac au tac, mais ma réponse est donnée trop rapidement pour être prise au sérieux.

Elle pouffe de rire et ajoute :

- Tu veux que je t'accompagne chez toi tout à l'heure.

Je rigole et lui donne un coup de coude pour qu'elle arrête de dire des bêtises.

Il suffit d'un seul regard de M. Cleanson pour que je réalise que nous perturbons tout le monde.

- Mademoiselle McAllen, vous pouvez tout aussi bien prendre la porte si ce que je raconte ne vous intéresse pas.

Il ne doit vraiment pas m'aimer. Si j'avais le choix, je me serais bien passée de me lever tous les matins pour me coltiner ses cours, mais il enseigne l'une des matières qui me tient le plus à cœur, la médico-technologie. Et si je veux continuer à recevoir cette bourse d'études, je dois être irréprochable.

La journée passe plutôt vite, mon dernier cours s'achève, et avant même que la prof ait le temps de nous dire au revoir, nous sommes déjà tous en train de nous ruer vers la sortie. Elle tente de nous retenir pour terminer son discours, mais comprenant que c'est peine perdue, elle saisit ses affaires et fait de même.

La plupart des étudiants de cette université sont friqués, et le parking est décoré de voitures de luxe : Aston Martin, Bentley, Ferrari, Porsche et bien d'autres dérapent dans un ronronnement que certains acclament par des cris.

Tout est parfait dans ma nouvelle vie d'étudiante, à un détail près : cette épée de Damoclès qui ne cesse de planer au-dessus de ma tête. Il vaut mieux ne pas penser à ça maintenant. Je secoue vigoureusement la tête pour chasser ces idées négatives et lugubres qui commencent à germer dans mon esprit.

Je me précipite pour rejoindre mes deux acolytes, mais une main saisit mon bras. Je me retourne rapidement.

C'est RJ.

- Alors, ce déménagement ?

- Ça s'est relativement bien passé !

- Tu as besoin d'aide pour le reste ?

- Finalement, ne te dérange pas, les filles ont proposé de m'aider.

- Comme tu veux, mais si tu as besoin d'aide, n'hésite pas. Et ton nouveau quartier, il te plaît ? C'est où déjà ?

- Oh c'est pas très loin, c'est Over-The-Rhine.

- May, grouille toi ! nous interrompt Chrystal le bus part. Oh ! Salut RJ ! dit-elle en me tirant derrière elle.. Je te la vole, désolée. Nous attrapons le bus de justesse, et j'ai juste le temps de lui dire au revoir d'un signe de la main.

Une fois arrivée, j'enlève mes chaussures et laisse mes affaires au milieu du salon. Les avantages de vivre seule, pensé-je en souriant bêtement. Je m'installe sur le canapé et laisse mon corps s'y enfoncer. J'aperçois la trousse de secours de mon voisin ; il serait temps de lui rendre. Je la saisis, enfile mes chaussures et sors.

Il ne semble y avoir personne, mais de légers grattements sur le plancher m'interpellent. Je colle mon oreille à la porte pour vérifier si je n'ai pas mal entendu.

- Je peux vous aider peut-être ?

Surprise, je me lève d'un bond.

- Euh... non, en fait, je ...

- Vous êtes bien curieuse je trouve !

- Ce n'est pas ce que vous croyez, me défends-je.

- Et... que devrais-je croire ? dit-il d'un ton plus grave.

- Je suis simplement venue vous rendre la trousse de secours que vous m'avez prêtée, mais j'ai entendu un... comme une sorte de...

- De... renchérit-il

- De... miaulement...

Il s'arrête un instant, me scrutant pour voir si je dis la vérité, puis enchaîne :

- Oui je garde un chat, mais je n'ai plus grand-chose à lui donner.

- J'ai quelques petits trucs dans mon frigo, je...peux vous en apporter, si vous voulez.

Je reviens les mains chargées d'encas, il me regarde, surpris et esquisse un sourire avant de ne dire :

- Je vous en prie, après vous !

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