(https://www.youtube.com/watch?v=UWGvYIoBxGs&ab_channel=PremiumMusicHQ
Si vous voulez écouter la playlist qui m'a accompagnée durant l'écriture)
-Tu ne t'y fera jamais.
La rousse, qui fixait un point au loin, ne répondit pas
-Les tuer. Viser le cerveau, les tuer une bonne fois pour toute.
La petite cabane aménagée le long du tronc du chêne ne les cachait pas vraiment. Mais l'échelle relevée, les rendaient inaccessibles, à moins de sauter assez haut pour l'attraper. D'ici, aucuns mordeurs ne pouvaient les atteindre. Et même s'ils franchissaient les barrières en fil de fer tout autours de la clairière, le brun pourrait facilement les atteindre de son arbalète.
-C'est parce qu'on a arrêté de rêver. Plus personne dans le groupe ne rêve d'une maison au bord d'un lac, avec des chiens.
Il faisait beau, et les rayons du soleil perçaient à travers les feuilles vertes, juste assez pour venir lécher leur peau encore humide de la baignade dans le petit lac, au pied de l'arbre. Une parenthèse, une fois par semaine environ. Un lieu secret au milieu de la forêt. Juste assez pour avoir l'impression d'être seul au monde. Quelques minutes.
Daryl, qui ne lâchait pas son arbalète, l'avait posé contre sa cuisse, toujours à l'affut du moindre crissement dans la verdure. En une demie seconde, il pouvait l'armer, et tirer. La jeune femme face à lui, ne s'armait rarement plus qu'avec un couteau. Un pistolet parfois, durant les expéditions. Mais ici, elle l'avait laissé avec ces vêtements, dans un coin.
-Tu ne rêve pas, parfois ? Quand il n'y a plus de grognements, quand le ciel est clair, ou que le soleil brille ?
-Non.
Amère. Les discussions de ces derniers mois ne s'éternisaient jamais vraiment. Le groupe tout entier survivait au jour le jour. Et parler du futur, ou même du passé, les rendaient tous amère. Seulement, quelques esprits restaient encore rêveurs. Juste assez pour reconstruire et imaginer un futur, qui peut être n'arrivera jamais. Mais pas Daryl en tout cas. Il avait eu des espoirs parfois, retrouver Fiona, aller au Terminus. Mais les déceptions l'avaient privées de ce cadeau. L'esprit, l'imaginaire, la projection. Elle se tourna alors face à lui, le regardant fixement. C'était rare, Daryl préférant lancer des regards assassins pour ne pas soutenir ni peine, ni compassion, ni toute forme de sympathie dans le regard des autres. Elle le força, et il craqua.
-Essais. Essais, juste un peu. Imagine un pays que tu n'as jamais visité, un endroit que tu voudrais découvrir, un peu plus chaque jour.
Il grogna. S'interdire de rêver, c'était survivre. Et survivre, c'était la seule chose qui l'empêchait de flancher. Mais le regard de cette femme face à lui, qui l'incitait à perdre pied, qui lui tendait les bras pour s'y perdre. Elle afficha un fin sourire, comme un encouragement. Il aurait aimé avoir de la gnole sous la main, c'était toujours plus facile. Et l'excuse plus tard serait acceptée.
-Je n'ai jamais voyagé.
-Très bien, alors imagine toi...je n'en sais rien, prendre ta moto et faire le tour de l'état.
Il rit un peu, plus un soupire de mépris envers cette idée. La moto de son frère. C'était déjà un exploit qu'il est réussi à la garder jusqu'ici.
-Pourquoi ne pas plutôt travailler ton esprit de conte de fée. J'aurais assez à rêver quand je serai mort.
La rousse pinça ces lèvres entres elles. Cette idée ne lui plaisait pas. Cette idée la blessait. Il le savait. Sa moue se transforma durant quelques secondes, assez triste et énervée pour assombrir le vert de ses yeux. Il s'en voulut, un peu. Il tenta de se convaincre que c'était pour son bien. Mais après tout, si elle réussissait à garder cette esprit espiègle et rebel, rêveur et assuré. Elle pourrait mourir en paix.
-Bien alors...tu disait que tu voulais une maison, au bord d'un lac comme celui-ci. Ici ? Il pointa du bout de son nez une direction, un espace dégagé au milieu de la clairière. La maison ici, le jardin juste devant...et là, un parc pour les chiens. Et juste derrière...un garage.
Elle suivait des yeux son énumération, s'imaginant sans trop de difficulté les constructions pousser devant elle. Elle avait évoqué tout ça un soir, ou le groupe semblait morose. Elle s'était projetée, juste assez pour ouvrir une bulle paisible, mais pas trop, pour ne pas espérer. Un cottage au bord d'un lac, entouré de chien qu'elle récupèrerait pour leur offrir la meilleure vie possible. Cependant, elle n'avait jamais parlé de garage ...
-Un garage assez grand, pour ma moto.
Son cœur tapa un instant sa poitrine, juste assez pour faire chauffer ses joues. Elle tourna la tête vers le brun, qui fixait toujours ce bout de clairière. Son regard était toujours impassible, mais ses doigts avaient légèrement relâché son arme. Il était dur, renfermé. Froid et sans filtre. Mais loyale envers Rick et le groupe. Dévoué envers Carole, Beth, et encore plus la petite Judith. Il savait exactement ce qu'il devait, et à qui. Survivre en groupe, c'était avant tout savoir à qui on avait à faire. Et s'en tenir. Mais dans des moments pareils, et surtout face à elle, tout cela ne comptait plus. Et s'il exprimait si rarement ces émotions, ou quoi que ce soit, c'était avec elle qu'il le ferait.
Leur relation, si particulière, ne tenait qu'a un fil. Mais un fil solide, un lien de confiance. Daryl ne parlait pas, elle n'en demandait pas plus. Elle rêvait, il l'a laissait s'évader. Et pour une fois, il s'évaderait un peu avec elle. Dans une petite maison, avec un garage trop grand, pour sa moto.
Il tourna la tête vers elle, avec difficulté. Il savait ce qu'il allait percevoir dans son regard. De l'incompréhension, de l'espoir. Un petit sourire au coin des lèvres quand elle comprendra. Elle allait surement lever les yeux au ciel, comme à chaque fois qu'il lui faisait une blague. Elle allait ricaner un peu, et surement le repousser d'une main. Et ça ne manqua pas. Ses gestes se décomposèrent exactement comme il l'avait prédit, et juste avant qu'elle ne tende la main pour repousser son épaule, il attrapa son bras, d'une poigne forte. Assez forte pour l'attirer à lui, et couper court à ses pensées en plaquant sa bouche contre la sienne. Comme à chaque fois, leur souffle leur manqua, mais avide des lèvres l'un de l'autre, ils s'en fichaient. Elle glissa ses mains le long de ses bras, ses muscles encore saillant de sa poigne. L'une se nicha dans les cheveux de la nuque du brun, l'autre sur son épaule, le forçant à rester contre elle. Il n'en demanda pas moins, venant caresser sa joue d'une main, pendant que son bras encercla sa taille. Il lui fallut encore de longues secondes, avant de souffler un peu contre sa peau. Souffler pour laisser s'échapper la morsure qui lui emprisonnait le cœur dès qu'il l'à touchait. Se laisser aller c'était accepter de l'aimer. Et l'aimer, c'était accepter de la perdre, douloureusement.
Dans cette position, elle le surplombait un peu. C'est elle qui menait la danse maintenant. C'est elle, qui le poussait à se soumettre à son cœur, à ses envies, à ses pensées et même à ses rêves. Peut-être qu'ils pourraient finir tous les deux, dans cette petite maison. Lui boirait surement trop, et elle passerait trop de temps avec ses chiens. Et ça sera parfait ainsi.
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Cottage
FanfictionThe Walking Dead - Daryl et OC. Une parenthèse au milieu du chaos. Une courte histoire, un instant capturé entre Daryl et une femme rousse qui a rejoint le groupe, laissant libre court un instant à la rêverie, devenu interdite pour lui.