chapitre 1

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Chapitre 1

Je n'en reviens pas d'être privé de repas. Et ce pour la troisième fois de la semaine ! Mon ventre grogne et me réclame quelque chose à manger. Je vais finir par mourir de faim à cause de cet imbécile. Je prends le balai et commence à frotter le parquet abimé et tâché. Jai beau frotté de toutes mes forces, j'ai bien l'impression qu'il ne sera jamais propre. Alors que je me rue à la tâche, j'entends des pas dans le couloir se rapprocher de la pièce. Plus ils se rapprochent et plus ils se font lourds. Puis, arrivés à la porte, je n'entends plus rien. Comme si la personne se tenait immobile devant la porte. Je lance le balai dans le lit, ce qui provoque quelques gouttes d'eau sur le drap et me dirige vers la porte. Jai à peine le temps de poser la main sur la poignée que quelqu'un le fait à ma place et la porte s'ouvre. Sans avoir pu voir qui se tient à l'entrée, je reçois une tartine de pain en pleine figure et entend un rire que je connais bien. La tartine atterrit au sol et Alex me tend une assiette remplie.

-eh, mon pote regarde moi ça, j'ai réussi à traverser le bâtiment sans me faire griller. Heureusement que je suis là hein ? dit-il en me pinçant la joue. Je tai amené une assiette, j'ai pensé à toi, bon j'en ai mangé un peu sur la route.

Il pose l'assiette à moitié vide sur le bureau. Du riz et deux trois morceaux de poulet secs. Jai connu meilleur repas. Alex pose son regard sur moi, et descend vers le sol.

-tu nétais pas censé nettoyer cette chambre ?

Je le tape sur lépaule et esquisse un sourire

-c'est ce que je fais figure toi. Mais le ménage et moi on ne s'entend pas très bien.

-en même temps, si tu navais pas frappé Manu, tu nen serais pas là. Tu serais certainement à table en train de manger avec nous. Dommage pour toi, mais cest comme ça quon finit quand on se conduit mal.

Il lève les épaules avec un air innocent comme sil était un ange. Il ressemble plus au diable en réalité.

-il la cherché. Dis-je en haussant les épaules.

Je regarde lassiette qui commence certainement à refroidir.

-je mange avec mes doigts ? Lui dis-je en remarquant le manque de couverts

Alex fronça les sourcils. Il lâcha un rire sourd et tourna les talons.

Il ouvrit la porte en me regardant une dernière fois.

-j'espère que la chambre brillera quand tu auras finis, sinon tu vas devoir rester ici pour le restant de tes jours. Hans t'as en ligne de mire en ce moment, je te le rappelle.

-j'avais compris.

Il sourit de toutes ses dents et parti en claquant la porte. Il a raison, si Hans vérifie mon travail, je pense quil ne sarrêtera pas là. Sil voit que je fais du travail bâclé, il m'en donnera encore plus. Encore et toujours jusquà ce que mes doigts finissent en sang. Il aimerait ça, jen suis sûr. Je souffle et reprend le balai.

*

Le temps dehors est agréable. Je décide de faire un tour dans le jardin en espérant y trouver Alex. Cest plutôt calme aujourd'hui. Je me demande même si je nai pas raté quelque chose. Car ici, quand c'est trop calme, il faut se méfier. Mes baskets blanches s'enfoncent dans la boue, les salissant à chaque pas. Le jardin du pensionnat est immense, mais je pense savoir où je peux trouver Alex. Dans le fond du jardin se trouvent des bois, et, derrière ces bois, se trouve une petite cabane abandonnée près d'un lac. Le directeur nous a dit un jour qu'elle servait pour les pêcheurs ici, avant la naissance du pensionnat. Et il a décidé de ne pas la démonter car il a trouvé qu'elle avait un certain charme. Ce qui nous a arrangé car maintenant, cest un peu notre repère secret. J'ouvre la porte de la cabane, qui grince sous son poids et le parquet craque quand je pose le pied au sol. Alex, accoudé à la seule fenêtre, se retourne vers moi, une cigarette au bec.

La clé de la véritéWhere stories live. Discover now