2. Un petit oisillon perdu

35 7 23
                                    

     Comme tous les jours, et cela, depuis le mois de mai et durant tout l'été, Edan entama dès son réveil une routine particulière, mais ce jour-là était un jour particulier. Ses parents allaient arriver en Bretagne pour passer les deux dernières semaines d'août avec leur fils et discuter de son retour ou non aux Etats-Unis à leurs côtés. Ces derniers avaient prévenu Edan le mois dernier par FaceTime et lui avaient annoncé qu'ils lui apporteraient une surprise. Et les surprises, Edan n'aime pas ça. Tout ce qu'il sort de ses habitudes a tendance à l'angoisser depuis l'incident, mais il ne leur a rien dit et avait simplement acquiescé d'un geste de la tête.

     Ce matin-là, comme d'habitude, le brun quitta les bras de Morphée grâce aux premiers rayons du soleil vers 6 heures. La douce lumière se faufilait entre les espaces laissés par les vieux volets en bois et venait éclairer le lit du garçon placé sous la fenêtre. Il fallut quelques instants aux yeux du brun pour s'habituer à cette semi-clarté. Tout en gardant l'esprit brumeux, Edan se placa à genoux sur son lit, ouvrit sa fenêtre et ses volets puis s'appuya sur le rebord de l'ouverture afin d'apprécier la vue sur la mer, mais également le vent marin s'engouffrer entre les quatre murs de la petite pièce. Le brun inspira une grande bouffée d'air puis se diriga vers la salle de bain attenante à sa chambre pour prendre une douche. Une fois lavé et habillé d'un pantalon en lin bleu clair et d'une chemise en coton blanche, Edan alla prendre son petit-déjeuner à savoir un thé à la menthe, des biscottes beurrée - au beurre demi-sel comme tout bon breton - avec de la confiture d'abricots ainsi qu'un yaourt à la vanille. Il était le seul avec sa mère à prendre un petit-déjeuner typiquement français. Son père et ses sœurs avaient pour habitude de se faire des œufs brouillés avec du bacon et parfois des pancakes à la banane, de vrais petits états-uniens dans l'âme.


     Perché sur une chaise haute et accoudé à l'ilot central de la cuisine, Edan mangea tout en écoutant la radio qu'il avait allumé en arrivant dans la pièce. La cuisine qui se trouvait au rez-de-chaussée de la maison était l'une des pièces préférées du jeune homme en raison de sa grande luminosité. Il s'agissait d'une cuisine ouverte donnant sur la pièce à vivre, mais l'espace se démarquait par sa verrière au plafond et ses grandes baies vitrées donnant accès au jardin et donc une vue sur la mer. Les plans de travail étaient en bois ancien et le sol en carreau de ciment d'origine donnaient un certain charme à la cuisine. Depuis qu'il était seul en Bretagne, Edan avait pris goût à cuisiner, surtout après s'être rapidement lassé de manger des pâtes, du riz ou des salades de tomates. Lors de ses premières tentatives de plats, Edan, en voulant faire un gratin de légumes, avait réussi à mettre au four un plat en plastique qui avait fini par fondre sur la plaque laissant alors une odeur âcre dans le four. Madame Aurora en venant rendre visite à Edan avait eu vraiment peur de retrouver la maison brûlée suite au talent gastronomique désastreux du garçon. La vieille femme lui avait donc donné l'un de ses livres de cuisine avec des recettes aussi simples que délicieuses pour qu'il puisse s'expérimenter. Depuis, Edan aimait énormément préparer des petits plats dans cette pièce et plus particulièrement lorsqu'il ouvrait toutes les fenêtres, il avait l'impression de cuisiner à l'extérieur.

    Après avoir englouti son petit-déjeuner, Edan regarda l'heure sur son téléphone qui affichait 7 h 30. Parfait, se dit le brun, il lui restait deux heures de solitude avant que ses parents ne débarquent à la maison. Il décida donc d'aller profiter de la plage en contre bas tout en se saisissant de son appareil photo.


     Edan prit le petit chemin escarpé qu'il connaît si bien puis se retrouva face à l'océan. Il ôta ses chaussures et ses chaussettes et frissonna lorsque sa peau entra en contact avec le sable froid. Edan commença à marcher le long de l'eau, les vagues s'écrasant à quelques mètres de lui fendant le silence que le brun avait appris à aimer depuis la disparition de sa sœur. Edan prit quelques clichés de l'écume et des oiseaux virevoltant jusqu'à ce qu'il entendit des rires. Des rires ? Ici ? Au beau milieu de nulle part ? C'est vrai qu'il avait marché plus que d'habitude, mais pourtant, il n'y avait rien à des kilomètres à la ronde et il était bien trop tôt pour que les touristes viennent s'accaparer la plage. C'est lorsqu'il leva la tête vers une petite colline qu'il s'aperçut qu'il y avait une maison cachée entre quelques arbres. Il ne l'avait jamais vu auparavant. C'était une grande bâtisse en bois et en béton blanc, typiquement celle que l'on voyait dans les catalogues d'architectures, celle qui dénaturait le paysage. Et Edan détestait ça. Il détesta encore plus la bâtisse lorsqu'il vit qu'à l'avant de celle-ci était construite une piscine à débordement. Le garçon fulmina, comment était-il possible que cette maison se trouve ici alors qu'il était désormais interdit de construire à cet endroit ? Quoique... avec l'argent et un peu d'influence, tout est possible de nos jours, se fit la remarque Edan. Puis une voix le tira de ses pensées.

- Ça c'est de la baraque, t'as vu ?

     Edan se retourna vers le jeune homme qui l'avait interpelé et il crut voir un ange. Un garçon blond aux cheveux bouclés, les yeux bleus rieurs accompagnant son sourire digne des publicités de dentifrice le regardait la tête inclinée comme s'il était devant une créature étrange.

- Moi c'est Aaron, dit le blond tout en tendant la main. Et toi ? T'es qui ? Je ne t'ai jamais vu dans le coin. T'es en vacances ? Pourtant y'a pas d'hôtel dans le coin. A moins que tu sois venu en voiture ? Nan, t'as l'air trop jeune pour avoir le permis. T'as quel âge au fait ? continua-t-il dans le même entrain.

     Edan le toisa, le regarda de haut en bas, toujours le souffle coupé de sa beauté. Puis il reprit ses esprits et tourna le dos sans un mot.

- Bah, tu vas où comme ça ? On ne t'a pas appris que c'était mal poli de pas répondre aux questions que l'on te pose ? lança Aaron tout en lui attrapant le bras.

    Et là, ce fut de trop pour le brun. Par réflèxe et ne supportant pas le contact de la main de l'inconnu, Edan pivota d'un coup sec et arracha son bras de l'emprise du beau blond en le fusillant du regard.

- Mais qu'est-ce que t'as à mal regarder comme ça, je ne t'ai rien fait à ce que je sache ! Ahhhh mais peut-être que tu ne parles pas français ! You savoir speak en english ? demanda le blond avec un accent à se couper les oreilles.

     Le jeune américain voulait continuer sa route pour rentrer chez lui, mais une seconde voix se fit entendre derrière lui.

- Qu'est-ce que tu fous encore, Pierre ?

- Regarde ce que j'ai trouvé sur la plage ! dit Aaron tout content, en pointant Edan du doigt à la personne qui arrivait dans le dos du brun.

     Pierre ? N'avait-il pas dit qu'il s'appelait Aaron ? Décidemment Edan était perdu et ne souhaitait qu'une chose, retrouver sa maison et attendre que ses parents arrivent avec leur « surprise ». Puis un garçon environ du même âge que lui-même et le blond apparut dans son champ de vision. Ses cheveux châtains tombaient en boucles sur son front et caressaient tandis que sa peau halée paraissait capter les rayons du soleil. Il était beau, Edan ne pouvait pas discuter là-dessus. Les traits de son visage étaient fins, son nez légèrement retroussé et ses lèvres pleines et charnues mais sa mâchoire carrée n'avait rien de délicat, elle était ce que la majorité pouvait qualifier de « virile », bien que cela ne veut pas dire grand-chose en réalité. Mais ce qui marqua Edan c'était ses yeux noirs. Ils semblaient le transpercer de part en part, après quelques secondes qui lui parurent des heures, le brun baissa le regard, mal à l'aise.

- Je vois bien que tu nous as trouvé un petit oisillon perdu. Mais tu ne fais pas dans la charité et moi encore moins alors bon, laisse-le et viens on remonte. Ma mère qui va bientôt arriver et si tu ne veux pas te retrouver eunuque avant ce soir vient m'aider à nettoyer le bordel qu'on a foutu à la soirée d'hier, dit le châtain.

- Mais Melyan ! Laisse-moi le ramener à la maison avec nous ! Comme ça on rangera encore plus vite ! implora Aaron comme un enfant faisant un caprice.

     Edan regardait la scène mi-amusé, mi-irrité par l'attitude des deux jeunes hommes face à lui. Puis il s'éloigna définitivement pendant que Pierre ? ou Aaron ? continuait de piailler. Après s'être éloigné d'une vingtaine de mètres, le brun sentait un regard sur lui, il tourna la tête qu'il voulait de manière discrète mais il fut une nouvelle fois happé par les yeux sombres de Melyan, flanqué d'un sourire en coin qui fit frissonner Edan.

-----------

Salut salut !

Voici le chapitre 2 de "A en crever le ciel" ! Alors oui je sais les deux premiers chapitres sont assez longs et avec peu de dialogue ! Mais ne t'inquiètes pas, c'est pour planter un peu l'histoire et le contexte !

Si jamais tu as des remarques, que tu apperçois des fautes ou même si tu penses que je peux faire des améliorations n'hésite pas !

Besos à toi !

- Airmedd

À en crever le cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant