Jour 2 : Liens déchirés

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Après une éprouvante nuit, le village se réveilla, apeuré à l'idée de savoir si le malheur avait de nouveau frappé.

Certains, dans un profond déni, tentaient de se convaincre que tout ceci était une gigantesque blague organisée par des gens complètement fous.

Ce n'était pas si loin de la réalité.

En l'occurrence, la seule différence était que le fou en question possédait d'immenses et mystérieux pouvoirs, et que sa blague ne faisait rire que lui. 

Peu après le lever du Soleil, tous les habitants reçurent une lettre leur indiquant qu'à dix heures tapantes, ils devaient se réunir sur la place du centre. Désormais, chaque jour, ils seraient contraints de revenir même lieu, même heure.

Comme toujours, Henri entamait sa petite balade matinale quand il fut interpellé par le prêtre. 

— Cupidon... commença-t-il.

— Ne m'appelle pas comme ça en pleine rue ! siffla-t-il en regardant autour de lui.

— Oui... excusez-moi... mais avec vos pouvoirs, ne pouvez-vous pas simplement partir d'ici ? 

— Je dois rester, je dois observer le couple que j'ai formé...

Car cupidon était préoccupé, en effet, que se passerait-il si l'une des deux personnes qu'il avait fait tomber amoureux était un loup-garou ? Est-ce que leur amour prendrait le dessus sur la transformation en loup ? Si tel est le cas, alors ce couple chercherait possiblement à survivre... seulement à deux.

— J'admire votre dévotion.

— Et toi ? Tes pouvoirs te sont utiles ?

— Le don de protection... je l'utilise chaque nuit, mais... je n'ai même pas pu sauver Didier... J'espère que cette nuit j'ai fait le bon choix... que j'ai protégé la bonne personne... Ça serait plus simple si je pouvais bénir plusieurs fois la même personne...

— C'est malheureusement impossible, qui as-tu protégé ?

— Vous bien sûr.

Cupidon, ne s'attendant pas à une telle réponse, resta estomaqué un court moment avant de rétorquer, gêné :

— C'est gentil merci, mais ne t'en fais pas pour moi, même si ces sales bêtes tentaient de s'en prendre à moi, ils n'arriveraient pas à me dévorer !

— Je sais... mais au cas où je voulais...

— Ne gaspille pas ta protection avec moi, utilise là sur quelqu'un qui en a réellement besoin, compris ?

— C'est ce que je ferai.

— Faisons de notre mieux pour sauver tout le monde...

Le clocher se mit à sonner, annonçant qu'une nouvelle heure venait de débuter, Henri fut pris de panique et se hâta de mettre fin à la conversation.

— Déjà si tard, je n'ai pas de temps à perdre, on se revoit à 10 h !

— À 10 h mon cher.

À quelques maisons de là, le limier se préparait. Il était désormais neuf heures cinquante, dans quelques minutes, tous les habitants devraient se réunir sur la grande place. Il sortit de chez lui et se dirigea vers le centre du village, là où tout le monde attendait. Il entendit une voix l'interpeller.

Les trois frères, avec leurs courts cheveux sombres et leurs yeux verts, passèrent devant lui.

— Salut ! Comment vas-tu en cette belle matinée ? demanda ironiquement le cadet.

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