Ch. 1. La grosse pomme

126 7 1
                                    

Salut, moi c'est Anna, Anna Osaki, mais tout le monde m'appelle Nana.

J'ai 24 ans. Malgré mon jeune âge, on peut dire que je traine déjà un sacré passé. Mais ça, on y reviendra plus tard. Ce qu'il faut retenir c'est que j'ai beaucoup voyagé, grâce à mes parents, pour qui l'expatriation a toujours rimé avec passion. C'est d'ailleurs pas anodin, ma mère est d'origine Japonaise, mon père Français, je suis née à Tokyo, puis j'ai passé la majorité de mon enfance aux Etats-Unis pour ensuite entrer au lycée au Royaume-Uni. J'ai terminé mes études de communication à Londres mais je ne pouvais pas rester plus longtemps sur l'île britannique, j'y étouffais. La décision n'a pas été facile, car j'y ai laissé mes meilleurs amis mais je ne pouvais pas continuer de vivre dans l'ombre d'un soi disant grand amour qui s'est fracturé à la première occasion et d'une carrière musicale plus que bancale.

Un beau matin, j'ai donc fini par prendre ma guitare, mon paquet de clopes et un billet aller pour New-York bradé car réservé à la dernière minute. J'ai laissé un mot sur la table pour mes amis, que ça n'étonnera qu'à moitié, et j'ai claqué la porte. Ça parait précipité mais si j'avais commencé à réfléchir, je n'aurais jamais eu le courage de partir.

En me baladant dans les avenues de la grosse pomme, à la recherche de mon Air bnb, je me rends compte que cette ville m'avait quand même manquée. Ses taxis jaunes, ses buildings à perte de vue, Time square, et j'en passe, le tout me rappelle de bons souvenirs d'enfance. C'était un peu l'époque de l'insouciance avant que tout aille à vau-l'eau. Ça a un côté apaisant du coup, comme un retour aux sources.

Je viens à peine de poser mes quelques affaires sur le convertible de mon studio temporaire que mon téléphone sonne. J'angoisse un peu avant de découvrir qu'il ne s'agit que de mon meilleur pote, à qui ça doit encore tenir à cœur de jouer les grands frères protecteurs même depuis l'autre moitié du globe :
- J'espère que tu m'appelles pas pour me sermonner, Yasu.
- A quoi tu t'attendais, Nana ? Nobu et Hachiko sont hyper inquiets, tu peux pas foutre le camp en écrivant juste 3 mots sur un post-it.
Y'a pas à dire, il est fort. Avec sa voix grave de daron, il finirait presque par me faire culpabiliser.
- Tu sais que j'en avais besoin, Yasu, de ce nouveau départ. On en a déjà discuté.
- Je sais bien... Alors New-York, hein ?
- Ouais, j'avais besoin de... distance. De vivre une vie banale pour quelques temps.
Je l'entends ricaner doucement à l'autre bout du fil.
- Même toi tu n'y crois pas, Nana. Une vie banale, c'est pas fait pour toi.

L'enfoiré. Le pire, c'est qu'il a sûrement raison. Il finit par reprendre :
- Néanmoins si tu cherches un job, j'ai peut-être un contact chez Carter qui pourrait t'aider. On a fait nos études de droits ensemble.

Ça c'est du Yasu tout craché, avec son réseau long comme le bras. Mais j'vais pas cracher dessus, ça m'enlèverait une sacrée épine du pied.
- Carter, genre Carter Corp. ?
- Ouais, laisse-moi d'abord lui passer un coup de fil et si y'a quelque chose, je t'enverrai son numéro.
- Merci.
- Hmm. Allez, donne nous quand même quelques nouvelles de temps en temps.
- Pour qui tu me prends ?
- J'te connais par cœur. Si tu nous appelle pas, j'le ferai de toute façon.
- Une journée et j'te manque déjà, hein vieux chauve ?
- You wish. Bonne nuit, Nana.
- Bonne nuit, Yasu et... merci.

Yasu, c'est l'ami rêvé mais en mieux. Je sais qu'au fond, il m'en veut, mais pour autant il ne juge pas ma décision et pire encore, il m'aide à trouver un taf. J'aurais pu aller au fin fond de Tombouctou, qu'il aurait encore pu trouver un moyen de me soutenir à sa manière.

Grâce à lui, une semaine plus tard, me voilà devant l'immense building vitré de la firme, prête à entamer mon premier jour. J'ai eu un entretien la semaine passée avec un certain Monsieur Leviels, qui semblait avoir une confiance limite aveugle en mes compétences. Avec le peu d'expérience professionnelle que j'ai, autant te dire que Yasu a dû me survendre bien comme il fallait pour que j'intègre une si grosse boîte si facilement. Mais bon, moi qui voulait du banal, un taf, un appart et ma solitude, pour le coup, je suis servie.

Interlude sentimentale (Is it love Colin x Nana) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant