Ch. 3. Les nightmareden

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J'ouvre les yeux que j'avais machinalement fermés durant le choc et découvre deux iris bleus plantés dans les miens qui arborent un regard furieux. Uh oh.

Le jeune homme qui me surplombe fait au moins une tête de plus que moi alors que mes rangers ont des semelles qui doivent bien faire 8 cm d'épaisseur. Ses cheveux sont longs, lisses et ont la couleur de l'ébène. Il est torse nu, sa chemise noire étant déboutonnée de haut en bas, ce qui laisse une vue imprenable sur des abdominaux plutôt bien dessinés. Il ferait presque chaud ici si on faisait abstraction du fait... que cet inconnu me maintient bloquée contre un mur ?!

Entre sa force et le poids de son corps, je suis incapable de faire le moindre mouvement.  Il est tellement proche de moi, que je peux détailler son visage : sa peau est pâle, ses traits sont fins mais marqués par la colère qu'il irradie. Ses sourcils sont froncés. Et ses yeux, d'un bleu glacial intensifié par un trait de crayon noir, n'ont pas quitté les miens depuis le début. Moi qui ne suis pas du genre à me laisser impressionner facilement, je me retrouve complètement déstabilisée face à lui. Et je devine, au feu que je sens brûler sous mes joues, que ces dernières doivent être rosies par l'émotion. Ressaisis-toi Nana, tu vas pas te laisser faire par ce type ! Je finis par prendre la parole :

- Mais t'es malade ! Lâche-moi !

La faiblesse de ma voix montre à quel point je suis intimidée, à mon grand désavantage puisque mon adversaire affiche désormais un petit rictus satisfait, pour comme pour assoir le fait qu'il a le dessus et qu'il le sait. Je suis immobilisée, complètement sous son emprise et le pire, c'est que celle-ci n'est pas seulement physique : il a réussi à captiver mon attention, à tel point que j'en ai oublié tout ce qui nous entourait. Sa tête est si proche de la mienne que sa chevelure forme comme un rideau entre nos deux visages, nous dissimulant des regards extérieurs. Nous nous scrutons puis nous dévisageons, comme partagés entre la haine et... une indéniable attirance ?! J'ai envie de me mettre des claques rien qu'à l'idée que cette pensée ait pu me traverser.

Au bout de longues secondes, il finit par me demander ou plutôt devrais-je dire « par grogner » :

- Qu'est-ce tu fous là au juste ? Qui t'as laissé entrer en coulisses ?

Ok, « accueillant » n'est visiblement pas son deuxième prénom à celui-là... Par la force des choses, je finis par comprendre que ce gars ne doit être autre que le guitariste. Je peux admettre que trouver une inconnue ici ne le ravisse pas mais de là à me faire une scène pareille ? Juste parce que j'ai osé poser mes yeux sur son putain d'instrument ?! Sentant mon poignet gauche de plus en plus endolori par sa main qui ne fait que resserrer sa prise, je gémis et lui supplie d'arrêter :

- Mais lâche-moi bordel, c'est quoi ton problème au juste ?!

- Mon problème ? C'est d'voir des putains de groupiasses envahir les espaces réservés au staff et qui s'permettent en plus de toucher au matos.

- Mais... j'ai rien d'une groupie ! Lâche-moi bon sang !

Il ignore ma réponse et se rapproche d'autant plus de moi. Lorsque je sens son souffle sur mon oreille, il murmure alors au creux de cette dernière :

- T'es sûre qu't'en a vraiment envie ?.. Ta façon d'agir te trahit, chaton.

Il se recule légèrement pour capter ma réaction, son expression me défiant d'oser avouer le contraire. Alors là, mon coco... De ma main libre, je laisse tomber les baguettes d'Adam que je tenais encore pour lui coller une raclée monumentale. Par chance, bruit des baguettes l'a distrait, suffisamment pour qu'il n'anticipe pas ma gifle, qui arrive à bonne destination. Il est d'abord surpris de mon geste mais il reprend rapidement son petit sourire en coin :

Interlude sentimentale (Is it love Colin x Nana) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant