We Are Bonnie And Clyde ( Part 5 : Keep Going Better )

5.21

_ maman...
_ non.
_ non ? Et non pour quoi ? Pour les deux ?
_ oui.
_ oui ?
_ oui, c'est non. Ne me fait pas tourner en bourrique, June Meredith Parker.

Je soupire, les bras croisés sur ma poitrine, devant maman qui tapote doucement des petites graines de je ne sais quoi dans des pots en terre cuite qu'elle a peint de plein de couleurs différentes voyantes et joyeuse.
Quand le printemps arrive, maman est toujours de bonne humeur parce qu'elle sait que le retour du printemps signifie aussi le retour du jardinage et des plantations et elle aime ça presque autant que moi.
Avec ses gangs pleins de terre fraîche, déposées sur ses hanches recouvertes d'un tablier qu'elle utilise spécialement pour le jardinage, elle m'observe aussi et soupire avant de se concentrer à nouveau sur son pot devant elle.

_ pourquoi tu me dis non ?
_ et toi, pourquoi la première chose que tu fais en rentrant de ta journée de travail, c'est de venir me supplier de te laisser faire je ne sais quoi alors que jardine tranquillement. Et que, je te le rappelle alors que tu le sais pertinemment, le jardinage est mon petit havre de paix.
_ d'accord, donc je te dérange dans ton petit moment de paix intérieur, désolée d'être ta fille et d...
_ oh, June... elle bougonne. Tu n'as même pas quitté ta veste en daim ou même déposer ton sac à main. Tu as claqué la porte et tu as courue sur la terrasse pour m'hurler que je n'ai pas le droit de te dire non.
_ mais tu...
_ j'ai amplement le droit de te dire non, tu le sais, pas vrai ?
_ tu me parles comme à une petite fille...
_ je sais.
_ je ne suis plus une petite fille.
_ je sais cela aussi.
_ alors pourquoi tu me dis non ?
_ et toi, pourquoi tu ne comprends que quand je te parle comme à une petite fille ?

Je soupire encore plus fort, agacé comme je ne l'ai pas été depuis une bonne semaine. Je suis même excédée.
Je laisse tomber mon sac par terre et tire une des chaises en bois du salon de jardin pour m'asseoir en face de maman, toujours debout devant son pot de fleur, sur lequel elle est pleinement concentrée. Comment lui faire comprendre que j'ai besoin qu'elle m'écoute, à part attraper ce pot de fleur mauve et le balancer dans la pelouse ?
Je prend une grande inspiration, pose mes mains à plat sur la table et la regarde.

_ est ce que j'ai au moins le droit de me justifier ? De négocier ?
_ essaye toujours.
_ sujet numéro 1 : je fais en levant mon index, Olivia nous manque beaucoup, à toutes les quatre et tu as très bien vu comme j'étais triste quand elle est partie vivre à l'autre bout du pays.
_ tu viens de le dire, elle est parti vivre à l'autre du pays.
_ et elle reste mon amie. Les parents de Violet ont dit oui, ceux de Meg aussi et ceux de Saddy ne vont pas tarder de faire la même chose, il ne reste que toi.
_ comme d'habitude, c'est ça ?

Et elle me nargue ? Très bien, je vais sortir les arguments plus concrets.

_ le Spring Break est mi avril.
_ donc dans un tout petit plus d'un mois.
_ oui, ce qu'il veut dire qu'il nous reste encore un mois pour préparer notre voyage. Nous ne partirions pas les 5 jours, seulement 2, ou 3. L'ideal serait 2 nuits et 3 jours, pour que nous soyons rentrés bien avant la reprise.
_ et tes devoirs ?
_ d'où l'intérêt de rentrer avant la rentrée. Violet a trouvé des billets d'avion en réduction d'un vol direct. Nous avons fait le calcul et si nous comptons les billets d'avion, le taxi à Boston et les quelques autres dépenses communes, nous en aurions pour un peu plus de 200$.
_ 200$ ? Et tu ne vois pas le problème ?
_ maman, j'ai un salaire, je met de l'argent de côté depuis des mois et des mois, je peux dépenser 200$ ou même 300, pour aller voir une de mes meilleures amies que je n'ai pas vu depuis le mois d'août.
_ c'est trop, selon moi.
_ pas selon moi.
_ la quelle de nous deux est une adulte ?
_ moi aussi je sais que l'argent ne tombe pas du ciel et que j'ai besoin de beaucoup d'argent pour aller à la fac. Mais j'ai aussi besoin de me détendre avant d'y rentrer, à la fac.