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Assise sur le vieux matelas qui lui avait été assigné il y a maintenant deux ans, Beth laissait traîner ses yeux sur la vitre qui lui montrait l'extérieur de sa chambre, ses ongles grattant lentement la peau de son poignet pour y laisser des griffes rougies par ses gestes répétitifs.

Son regard se détourna un instant pour se poser sur l'horloge accrochée au mur en face d'elle et constata qu'il ne restait qu'une seule petite minute avant que son quotidien ne soit perturbé par la même personne.

Et, à peine la grande aiguille avait tout le tour que la porte s'ouvrît dans un grincement qu'elle trouva insupportable, la faisant légèrement froncer des sourcils. La jeune femme tourna la tête pour croiser les yeux pétillants du blond qui s'empressa de lui offrir un tendre sourire tout en s'approchant.

" Bonjour, Beth. ", il la salua d'une voix presque mélodieuse.

Sa main attrapa délicatement celle qui ne cessait de gratter son bras déjà abîmé par des coupures et ses lèvres se déposèrent sur sa tempe pendant d'interminables secondes. Il s'installa ensuite sur le bord du lit, ses doigts entrelaçant les siens, et l'observa quelques instants. Ses orbes passaient de ses longs cheveux noirs en bataille à ses poches qui décoraient le dessous de son regard jusqu'à finir sur ses joues rebondissantes et ses croissants de Lune sèches. Il l'avait déjà vu, de nombreuses fois, mais il ne pouvait se lasser d'elle. Elle était ce qui faisait battre follement son cœur dans sa poitrine, celle qui marchait sans s'arrêter dans ses pensées tout en étant dans ses souvenirs.

" Comment est-ce que tu vas aujourd'hui ? ", il demanda tout en replaçant ses mèches de cheveux derrière ses oreilles pour éviter qu'elles ne se retrouvent plus longtemps sur son visage.

" J'ai si mal. ", Beth répondit dans un murmure. " J'ai l'impression que tout s'écroule autour de moi. J'ai l'impression de ne plus pouvoir exister. Je ne le mérite plus. "

Le blond hocha vaguement de la tête en entendant ses mots déchirants. Beth n'était pas toujours comme ça. Quand il l'avait rencontré à l'armée, elle était une jeune femme souriante et rêveuse qui ne manquait pas d'énergie. Le trait qu'il aimait le plus était cette timidité qui l'obligeait à sourire adorablement. Il en était tombé follement amoureux. Et la connaitre n'avait qu'accentuer ce sentiment. Mais, parfois, Beth, elle était comme ça. Triste, morose, mélancolique. Il ne détestait pas ce côté qui l'avait pourtant surpris la première fois qu'il l'avait connu, mais il la détruisait tout entière et il ne pouvait le supporter. Il en était parfois effrayé, surtout par les mots qui pouvaient, sans qu'elle ne puisse les retenir, s'échapper de sa bouche. Jamais il n'avait entendu ses phrases noircies par des pensées inimaginables. Et pourtant, elle les avait déjà prononcées, de nombreuses fois, parfois durant des heures sans même attendre une réaction, comme si elle se parlait à elle-même.

" Tu mérites d'exister, Beth, plus que quiconque. ", il répliqua tout en se rapprochant d'elle pour caresser doucement sa joue de sa main libre.

" Pourquoi je n'arrive plus à me sentir mieux, Armin ? "

Il vit ses yeux se remplir de larmes avant qu'elles ne glissent sur sa peau déjà rougies par cette soudaine émotion. Le jeune homme sentit son cœur se déchirer dans une lenteur insupportable, créant un sentiment dévastateur qui avait pourtant disparu il y a un an. Sans attendre plus longtemps, il la prit dans ses bras pour la serrer contre son torse. Beth ne résista pas et se laissa aller sur lui, la tête plongée dans son épaule alors que les sanglots ne semblaient pas vouloir arrêter de secouer son corps épuisé.

" Je ne sais pas. ", il s'exclama dans un murmure inaudible.

Ses yeux se fermèrent brusquement en entendant ses pleurs qui hurlaient sa douleur et ses bras entourèrent un peu plus la jeune femme dans une étreinte rassurante et douce. Et soudain, l'envie de la garder dans sa position pendant des heures lui prit, le faisant poser sa joue contre sa tête pendant qu'il profitait de ce contact. Il sentit les mains de Beth se crispées sur sa veste tandis qu'elle semblait vouloir s'enfoncer un peu plus dans son étreinte, soupirant longuement après avoir versées les dernières gouttes d'eau qui restaient dans son corps.

Mes cheveux - armin arlert Où les histoires vivent. Découvrez maintenant