Textes

Livre

Je suis seule face aux livres. Seule. Toujours. C'est comme ça qu'on appréhende le mieux la lecture. On arrive dans une pièce blanche, devant nous ce tient le livre, sa première page.

Cette pièce ne restera pas blanche, à mesure que les pages se tourne elle se remplit. Les couleurs, les décors, les personnages passent et se succèdent. A ce moment là on n'est plus seul. C'est agréable. La solitude est belle, reposante, douce mais aussi terriblement cruelle et longue. Alors ces amis que l'on se fait, le temps d'une page, sont les meilleures distractions à cette cruauté.

Mais les couleurs ne restent jamais claires et vives éternellement, les personnages meurent, grandissent, les décors changent. Peu à peu le nombre de pages qu'il reste diminue. Peu à peu on voit apparaître le moment où nos amis partiront et ferons leur vie, dans leur monde, de leur côté. Sans nous.

Et enfin, on se retrouve seul. Comme toujours. Comme à chaque fin de livre.

Mais cette solitude, d'autant plus cruelle car elle a été ébranlée, ne durera que le temps de tourner une nouvelle page, une nouvelle couverture.