one-shot

534 49 59
                                    


NdA : Ce one-shot a été écrit et publié en 2019 sur le site fanfiction.net. Je le publie ici aujourd'hui sur les conseils de ma chère @Asturya 

Il n'avait pas réfléchi, il avait juste roulé sans penser à rien, et le voilà qui s'était mis à arpenter le port, chevauchant sa magnifique moto rutilante. Tel un éclair rougeoyant, il se déplaçait à une vitesse effarante sur le bitume, sur les murs des entrepôts, sur leurs toits. Il ne connaissait aucun obstacle. Plus rien n'avait s'emprise sur lui. Il possédait le port, il possédait la nuit. Il était libre.

Vraiment, il n'y avait rien de tel pour se détendre. C'était aussi exaltant qu'un bon vin.

Il s'était arrêté quelques minutes face à la mer, aussi sombre que la nuit. Pas d'étoile ce soir, seules les lumières du centre de Yokohama se reflétaient sur la vaste étendue aqueuse. Une vue dont il ne se lasserait jamais. Une vue parfaite pour s'en griller une.

Il inhala lentement, la fumée toxique pénétrant profondément dans ses poumons.

C'était un moment simple, qu'il appréciait pleinement. Une vue privilégiée sur la belle Yokohama nocturne, le vent léger qui souffle sur sa peau et le rafraichit agréablement, l'apaisement que lui apporte la nicotine, et le silence, seulement perturbé par des turbulences dans l'eau. Un moment parfait que rien ne pourrait gâcher.

...

Des turbulences ?

L'obscurité l'empêchait de voir ce qui venait ainsi troubler le calme de ce coin du port. Il tendit l'oreille, attentif aux sons inhabituels qu'il percevait dans l'eau.

Ah, quelqu'un était en train de se noyer.

Quelqu'un ?

Un bruyant soupir s'échappa de ses lèvres.

Tout bien réfléchit, il existait bien une personne qui pourrait gâcher ce moment.

Il le sentait pas. Vraiment pas. Mais bon.

Il tira une dernière latte, puis écrasa sa cigarette tout juste entamée sur la semelle de ses bottes, et la glissa dans une petite boite métallique qu'il gardait dans sa veste. Il ôta son chapeau et sa veste en cuir, qu'il posa soigneusement sur la selle de sa moto, puis retira ses bottes.

Il se déplaça jusqu'au bord du quai, et le longea, jusqu'à localiser l'endroit où le bruit était le plus audible. Une fois sûr qu'il était au plus près, il lâcha un juron, puis sauta.

Le froid glacial de l'eau lui coupa le souffle un instant, mais ne l'arrêta pas. Malgré l'obscurité, il n'eut aucune difficulté à attraper la victime par le col et à ramener son crâne contre son épaule. Aussitôt, il activa son pouvoir, mais rien ne se passa.

Evidemment.

« Putain de merde, tu fais chier Dazai ! »

L'autre ne répondit pas, trop occupé à recracher ses poumons. Tant mieux.

Retourner à la nage jusqu'au quai avec cette crevure, c'était une chose. Mais remonter sur le quai, avec lui, et sans pouvoir ?

Quelle putain de plaie.

Il longea le quai à la nage, non sans difficulté, pendant des minutes qui semblèrent durer des heures, jusqu'à enfin trouver une chaine d'amarrage.

« Tiens ça et monte »

Il lui prit la main qu'il posa sur la chaine, et le lâcha. Mais à peine ce crétin commença à essayer de grimper qu'il se rétama et se remit à couler, agitant inutilement les bras.

Nostalgie nocturneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant