Une Dernière Vie...

Un homme distant...

Je ne bouge pas, lui non plus. Une tension électrique fait crépiter l'aire. Ou alors ce n'est qu'une impression que j'ai parce que lui continue de me dévisager, des pieds à la tête. Mal à l'aise, je sers les points, attendant qu'il dise quelques choses pour briser de silence devenu lourd.

Je finis par baisser la tête, si je ne le regarde pas, je ne serais peut-être plus aussi mal à l'aise, et qu'il soit à moitié nu n'arrange pas les choses. Je remarque qu'il est pieds nu alors j'entrelace mes doigts et les fixe pour ne plus prêter attention à son corps.

- Regarde-moi! M'ordonne t-il et je m'exécute machinalement. Tu es la fille Donovan?

- Ou... Oui monsieur... Bégayais-je.

- Monsieur? Grogne t-il mécontent, mais je perçois dans son regard un amusement retenu.

- Aarick? Monsieur Aarick? Alpha? Maître ? M'embrouillais-je.

- Aarick? Tu te souviens donc de moi? Dit-il plus calmement.

- Je vous ai vu avec mon père...

Un silence pesant se réinstalle, je n'arrive pas à me concentrer en le regardant, que se soit ses yeux, ses lèvres, son torse dénudé... Alors je place mes yeux sur son front et les quelques mèches de cheveux en bataille qui y retombent. Un grognement sourd lui échappe et me comprime la poitrine alors je sursaute bêtement et recule d'un pas.

- Tu ne dois en parler à personne! Ton père et moi avions un accord! Il est hors de question que les miens le sachent! Aboie-t-il. J'hoche rapidement la tête, à fleur de peau. Souhaites-tu faire partie de ma meute et me jurer fidélité et obéissance? Demande t'il plus calmement.

Je relève mes yeux dans les siens. C'est tout? Il ne va pas tester ma fidélité? Organiser une combats ? Me torturer en me forçant à marcher pied nu sur de la braise ? Il veut juste ma parole? Un autre grognement lui échappe, preuve de son agacement.

- Oui Aarick. Couinais-je en me voyant devant moi. Quand s'est-il rapproché? Il m'attrape le poignet sans me quitter des yeux. Le contact de nos deux provoque de l'électricité statique qui ne semble piquer que moi, une chaleur frissonnante s'étend ensuite lentement vers le reste de mon corps. Je me mords la lèvre pour ne pas gémir et me ridiculiser plus.

- Tu dois imiter mes gestes, ainsi, tu seras entièrement connecté à moi.

Durant une fraction de seconde, j'ai l'impression qu'il va me sourire pour m'encourager, ses yeux se baladent sur mon visage, s'arrête sur mes lèvres et mon cœur rate un battement. Pourquoi mon corps réagit-il ainsi? Est-ce ça le pouvoir de l'Alpha? Je suis sensé l'idolâtrer contre mon gré? Est-ce que toutes les autres femmes ressentent la même chose?

Aarick ressert sa poigne et cinq brûlures me font hurler de douleur, je baisse la tête pour voir de grande griffes s'enfoncer dans ma peau. Inspirant pour me calmer, des instincts dont j'ignorais l'existence prennent le relais, mes ongles s'allongent pour devenir griffes, cependant, elle sont beaucoup moins impressionnant que celle de l'alpha. Imitant son geste, je les plante dans son bras.

Lorsque je relève les yeux sur lui, un hoquet m'échappe, les siens sont d'un rouge intense qui me donne la chair de poule, pas comme ceux de la bête de l'autre soir, non, ceux d'Aarick sont chauds et bien-vaillants.

La réaction qui suit me prend au dépourvu, mon cœur s'emballe, une sueur froide se répand sur mon dos, mon corps tremble et mon souffle devient court. Je tente de relâcher l'alpha, mais il ressert son emprise. Une douleur cuisante prend pour point de départ mon poignet pour se disperser en vague brûlante sur tout mon être. Aarick s'abaisse vers moi, il souffle quelques mots que je ne comprends pas pour finir par dire clairement: « La trahison se paye de sa vie... »